Ce couperet est un parfait symbole du changement qui s’opère dans cet album. La grande saga révolutionnaire romantique des débuts fait maintenant place à une réalité plus sordide, plus âpre. Les personnages portent leurs traits noirs avec lourdeur. Ils sont bagnards mais aussi gendarmes, directeur de prison, chef de police, habillés de leur puissance perverse. Le public rit à l’exécution, d’un rire glacial, sadique et angoissé, qui porte en lui le soulagement de ne pas être à la place du supplicié. On passe de Hugo à Zola, insensiblement, de l’espoir au désespoir, car ces petites gens qui avaient fondé tant d’espérances dans le renversement des monarchies se retrouvent écrasés par un fléau nouveau : la révolution industrielle. Ils sont enfin parés pour la lutte, puis la boucherie finale. Yslaire a choisi le bon parti dans la chronique des Sambre : celui de raconter une malédiction qui n’est pas seulement celle d’une famille et d’un nom, mais aussi celle de tout un peuple.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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