Nous vous en avions parlé il y a presque un an : le grand retour de Masashi Kishimoto avec un projet longuement préparé, celui des aventures d’un apprenti-samouraï dans un univers de science-fiction, à l’échelle d’une galaxie entière.
Malheureusement, au Japon, l’œuvre n’a pas su convaincre et trouver son public. Des ventes extrêmement faibles et un classement dans le Jump systématiquement parmi les derniers titres du classement l’ont condamné. C’est ainsi que la série ne comptera que cinq tomes, avec une fin abrupte en partie ouverte.
Un projet ambitieux
L’histoire n’avait pas manqué de concepts haut perchés : des guerriers cyborgs, des têtes qui s’ouvrent pour se connecter, des suicides rituels, des princesses, des pouvoirs métamorphiques, et un mélange constant de métaphysique et de physique quantique. Sur le papier, le projet se présentait très ambitieux et sophistiqué mais, dans les faits, le déroulement a été très chaotique.
En dépit d’un premier chapitre d’une facture classique et d’une excellente lisibilité, le récit s’est rapidement empêtré dans le désir d’exposer et d’expliquer son riche univers. Au lieu d’une aventure progressive, avec la découverte de planètes et de diverses communautés, le manga a passé le plus clair de son temps à mettre en scène les complexes enseignements du maître à l’élève.
En plus de la lourdeur de ces passages qui ont surchargé le récit plus d’une fois, le point le plus gênant a été le côté obscur et mystique de ces enseignements. Au lieu d’amener les explications de façon linéaire, elles se sont retrouvées fragmentées dans un étonnant désordre. Souvent, il y eut l’impression de passer du coq à l’âne, avec des combats qui étaient là parce qu’il fallait bien mettre en application les choses présentées.
Il a sans doute manqué une première aventure simple qui expliquait ce qu’était un samouraï avant de se lancer dans les démonstrations de pouvoirs fabuleux qui permettent de détruire des planètes avec, quasi d’emblée, des enjeux métaphysiques.
Le manga n’était pas désagréable à lire mais, par moments, il n’était tout simplement pas digeste, car trop chargé en détails et en concepts. Au point que notre héros, en cinq tomes, n’aura visité aucune autre planète que la sienne !
C’est comme si Kishimoto n’avait pas su choisir entre le récit initiatique et le récit d’aventure avec un héros déjà puissant qui a un passé. Comme s’il avait voulu recréer un univers aussi complexe que celui de Naruto en seulement quelques tomes, alors que celui-ci c’est construit au fur et à mesure d’une bonne vingtaine de volumes, puis a continué de se développer tout au long de la (longue) saga.
Les derniers chapitres font office de pseudo-conclusion : Hachimaru atteint soudainement l’illumination. Grâce à ça, il terrasse son ennemi juré et devient une sorte de dieu. Il disparaît mais Ann, sa princesse, reprend sa quête afin de trouver toutes les "Clés", les personnages qui auraient dû constituer la troupe du héros.
Un rendez-vous manqué pour un auteur qui n’aura pas su trouver le bon angle pour raconter son ambitieuse histoire. On ne peut pas réussir à tous les coups, même avec du talent.
Voir en ligne : Les chapitres de Samurai 8 sur le site de MangaPlus de Shueisha
(par Guillaume Boutet)
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