Dans le premier tome, le lecteur a pu découvrir comment le Seigneur du Songe a disparu et surtout pourquoi il ne revient pas. L’entité a été faite prisonnière tandis que son royaume subit des transformations majeures. Des changements orchestrés par le nouveau maître papillon, Hun, qui est très loin de se douter de ce qu’il se passe dans l’ombre… En effet, une autre créature sévit dans le royaume du rêve, de sorte que ses actions impactent chaque réalité...
Notamment dans le Réel. Petit à petit, les créatures mythiques et légendaires disparaissent de la pensée populaire. Chaque jour, les ressources médiatiques s’amenuisent sur le sujet, rendant ces entités transparentes, sans nom et donc… sans existence. Ils ont beau essayer de se faire entendre, rien n’y fait ! L’irrationnel, l’imagé… disparait pour ne laisser que des pensées et des rêves cohérents, logiques, tangibles.
Là où l’imaginaire remplissait les nuits des dormeurs, il n’y a plus que du gris et des réflexions scientifiques. Ce qui rend les gens fades, sans goût pour la vie. Les tentatives de suicide se succèdent sans ébranler qui que ce soit… car le Réel est devenu terne sans les couleurs du Songe ! L’imagination n’existe plus ce qui, à terme, va engendrer la mort de l’Humanité.
De son côté, Dora suit la piste de Daniel le Blanc, passant de réalité en réalité. Pas à pas, elle marche dans les traces laissées par le Seigneur du Songe afin de comprendre la raison de sa propre quête, avant de disparaître sans laisser de trace. Pourquoi s’est-il rendu en Féérie, dans les confins des Enfers, dans un pub où les clients se racontent inlassablement des récits reliés les uns aux autres ?
Neil Gaiman, accompagné par Simon Spurrier au scénario, ont réussi le tour de force de démontrer l’importance du rêve dans la réalité. L’un ne peut exister sans l’autre, de même que l’Humanité est telle qu’elle est grâce à ses rêves. Une cohésion qui opère même au cœur du royaume du Songe quand, petit à petit, les pièces du puzzle s’assemblent.
Parfois difficile à suivre quand les termes savants se succèdent, le scénario est brillant. Le graphisme, quant à lui,, principalement dû à la patte de Bilquis Evely (épaulé par Matías Bergara dans le chapitre 14, Dani dans le 15e et Marguerite Sauvage dans les chapitres 17 et 19) permet de s’y retrouver, de comprendre l’incompréhensible et se perdre dans les méandres d’une réflexion pouvant obliger le lecteur à avancer dans l’album pour en comprendre la construction. Du grand art, comme cette couverture signée Yanick Paquette et Nathan Fairbairn.
(par Marc Vandermeer)
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Sandman T. 2. Scénario : Neil Gaiman & Simon Spurrier. Dessin : Bilquis Evely & Collectif. Editeur : Urban Comics. 272 pages. Prix : 23 euros.
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