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Sang noir – Par Jean-Luc Loyer – Futuropolis

Par Morgan Di Salvia le 5 avril 2013                      Lien  
Jean-Luc Loyer retrace les événements de la catastrophe minière de Courrières, dans un album qui fait primer l'aspect documentaire sur l'aspect fictionnel.

En 1906, le site minier de Courrières est le théâtre d’un dramatique accident qui coûte la vie à 1099 personnes, dont 242 enfants. En ce début de vingtième siècle, le Nord de la France est entraîné dans la frénésie productiviste de l’exploitation du charbon. Chaque garçon dès 16 ans, en âge de soulever un outil et se glisser dans un wagonnet, est un potentiel mineur. Des centaines d’hommes passent d’interminables journées et d’interminables nuits sous la terre à creuser et à extraire des tonnes de charbon. Le 10 mars 1906, suite à un incendie souterrain, une très violente déflagration sème le chaos et la mort dans les veines de la mine.

S’en suivent de longues heures de doute, d’espoir et finalement de résignation. Peu d’ouvriers en ont réchappé. Les autorités décident de murer les galeries pour restreindre l’incendie. Mais deux semaines plus tard, un petit groupe de survivants (rapidement désignés par un néologisme : les rescapés) fait surface. A-t-on privilégié le sauvetage du charbon à celui des vies humaines ? La question agite la société française et le gouvernement du « Tigre » Georges Clemenceau

Sang noir – Par Jean-Luc Loyer – Futuropolis
Un extrait de "Sang noir"
© Loyer - Futuropolis

Jean-Luc Loyer, coutumier des bandes dessinées à thématique ouvrière et sociale (On se souvient de Noir Métal chez Delcourt), calque son album sur la chronologie précise des dramatiques événements de Courrières. Ce faisant, il délaisse l’aspect humain pour privilégier la dimension documentaire. On suit pas à pas l’engrenage qui amène à la catastrophe. On est scandalisé lorsque, alerté par un chef porion, la direction de la mine déclare sur un ton solennel que « … la Compagnie ne peut en aucun cas se permettre de ralentir sa production. La France a besoin de son charbon… ». Mais jamais on ne s’attache réellement aux personnages de « Sang noir », aussi tragique soit leur destin, tant l’auteur semble chevillé aux faits historiques qu’il relate avec pédagogie.

Richement documenté, « Sang noir » a les défauts de ses qualités. L’histoire ne s’autorise pas assez d’espace fictionnel pour réellement toucher le lecteur. Dommage.

(par Morgan Di Salvia)

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2 Messages :
  • Sang noir – Par Jean-Luc Loyer – Futuropolis
    5 avril 2013 12:59, par Benito

    Je n’ai pas lu le bouquin et ne connait pas le travail de cet auteur mais je rebondis sur le commentaire de fin de cet article sur l’aspect fictionnel qui manque à cette bd "documentaire" ..( je résume le propos)

    Je suis étonné étant donné qu’il y a certainement une véracité du récit puisqu’il s’agit d’un évènement historique , social ,etc que personne encore ne soit venu critiquer le dessin de l’auteur sur la "véracité anatomique " , le manque de hyperréalisme nécessaire pour parler d’un sujet réel ..???

    D’habitude on lit souvent ce genre de critique sur le trait du dessinateur qui ne colle pas au récit , pas assez ci pour le genre ou pas assez ça pour tel autre ...

    Donc à voir les dessins on pourrait s’attendre à une histoire de fiction , si je pars du principe du lecteur de base qui s’insurge dès que le dessin ne ressemble pas à Michel Vaillant ...mais non il s’agit d’un récit documentaire ...quand on voit les trognes des mineurs on pourrait penser à un récit plus humoristique que réaliste non ??

    Mais apparemment le critique de cette bd chez actu bd est passé outre le style du dessinateur ( au passage en relisant il n’en parle quasiment pas ) donc il a su ou pu ou a été capable de faire abstraction du dessin et a été imprégné avant tout de l’histoire sans que le dessin le gène sur la véracité de l’histoire...

    Beaucoup de lecteur de bd devrait prendre en compte cet aspect , voire certains éditeurs , au sujet du style de dessin en lien avec ce que l’on raconte ...

    Evidemment on ne va pas dessiner le style astérix pour un thriller mais je suis abasourdi chaque fois que je lis un commentaire sur le dessin d’un auteur par rapport à l’histoire qu’il traite ( là j’ai pris les devants avant qu’un de ces critiques ne surgissent pour descendre le dessin de cet auteur ) ..

    Je ne comprendrai jamais l’esprit obtus des lecteurs de bd à vouloir trouver tout le temps dans la bd des dessins parfaits...quand je vais au supermarché ( je prends le mauvais exemple mais l’exemple du supermarché est plus facile que la librairie spéçialisée car on peut passer dans le rayon bd plus facilement que rentrer dans une librairie spéçialisée si on n’a rien à y faire ) et bien je regarde rapidement ce que l’on propose et pour la plupart de ce que je vois à 70 % , je ne vois que de la bd aseptisée..des beaux dessins , des beaux personnages tout figés...des trucs comme le supermarché...mais si ça plait au plus grand nombre ..??..

    Je comprendrai jamais ce frein entre dessin et récit ...

    Franquin même si son trait est humoristique avec les idées noires devait avoir une réflexion dans cet esprit ..entre dessin et récit ..??....les idées noires sont le meilleur exemple d’un style pour détourner une idée en humour tout en restant grave ....

    On pose des auteurs dans des cases en fonction de leur style et si on leur proposait quelque chose de totalement différent dans lequel on les a catalogué peut être on en sortirait le meilleur d’eux mêmes tout en leur préservant leur style personnel ..mais peut être que beaucoup d’entre eux sont bien comme ça ??? ; ;

    Je ne comprendrai jamais ce cloisonnement dans la bd dans l’édition commerciale....en fait je vois ce qu’il se passe chez les petits éditeurs et c’est quand même bien là que ça se remue...que la bd évolue ...évidemment il y a toujours de beaux albums chez les grands éditeurs mais je ne ressens pas de liberté réelle chez les auteurs ..ils font leur travail ( souvent très bien fait ok ) mais c’est tout ...

    Loin de la démarche de Fred .....

    Répondre à ce message

    • Répondu par Geraud le 5 avril 2013 à  22:14 :

      Salut,

      Je ne vous rejoints pas lorsque vous dites :

      D’habitude on lit souvent ce genre de critique sur le trait du dessinateur qui ne colle pas au récit , pas assez ci pour le genre ou pas assez ça pour tel autre ...

      Peut-être que je ne fréquente pas assez assidûment ce site, mais je n’ai pas l’impression que c’est fréquent.

      En tout état de cause, depuis Maus d’Art Spiegelman, nul ne peut raisonnablement opposer ce type d’argument à mon avis.

      Répondre à ce message

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