USA. Fin des années 1950. Les événements se bousculent dans la vie de Joy Carruthers, gogo-danseuse d’une boîte de striptease de la Nouvelle-Orléans. Alors qu’elle vient d’apprendre le meurtre sauvage de son père dans sa ville natale de la côte Est du pays, elle doit affronter les élans brutaux de son patron alors qu’elle vient chercher sa paie.
Partie sur un coup de tête, elle est accusée d’un meurtre qu’elle n’a pas commis et se trouve secrètement recrutée par un mystérieux organisme fédéral. Il lui faut démêler les fils d’une double intrigue : l’assassinat de son père et la disparition de documents compromettants qu’elle a dérobés. Elle n’a pas le choix : c’est ça ou la chaise électrique pour l’assassinat de son patron…
D’emblée, l’expérience d’Erik Arnoux fait pencher la balance du bon côté, même si son scénario n’évite pas quelques clichés et des grosses ficelles : l’intrigue est bien orchestrée et avance suffisamment vite pour qu’on ne s’attarde sur ces quelques points faibles. On glisse sur les quelques récitatifs parfois trop bavards, pour se laisser prendre au jeu de cette héroïne à qui tout tombe sur la tête en même temps.
La maturité de la mise en scène d’Arnoux profite directement au dessinateur David Morancho : en dépit de quelques défauts anatomiques, il réalise ici un premier album (pour le marché francophone) presque parfait, grâce précisément à son expérience acquise sur le marché espagnol ! Les ambiances sont très travaillées et apportent une reconstitution crédible de l’époque. Les personnages sont campés avec une grande authenticité, en particulier l’héroïne dont la fragilité et une certaine force de caractère suscitent automatiquement l’empathie du lecteur.
Les lecteurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, car le deuxième tome de Sara Lone est déjà complètement financé. Il paraîtra donc à l’automne 2014. Il nous en dira plus sur la mystérieuse mission pour laquelle la jeune tireuse a été recrutée.
Sara Lone recèle tous les ingrédients d’un excellent polar : une ambiance savamment campée, un dessin aussi rigoureux qu’évocateur, une héroïne charismatique, des méchants prêts à tout, une limbe de mystère autour d’un commanditaire obscur, le tout enveloppé un climat poisseux à souhait. Un excellent divertissement qui devrait se distinguer en librairie.
(par Charles-Louis Detournay)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion