Ancien délinquant devenu détective privé, mais aussi fils d’un policier décédé, Jack Herriman se trouve engagé par un ancien collègue de son père pour retrouver Maggie, sœur de sa maîtresse, disparue un mois auparavant. Et pour cela Jack devra visiter la Maison Lunar, une communauté new age que la jeune femme a fréquentée avant de se volatiliser.
Scène de crime visite tous les codes du polar noir : héros torturé, femme fatale et/ou menacée, scènes dans des bars, sous la pluie, bagarres et coups de feu, etc. Si les motifs sont archi-connus, ce roman graphique se distingue principalement par deux aspects, l’un narratif, l’autre graphique, se nourrissant l’un l’autre.
Graphiquement, Mickael Lark propose un dessin heurté, rigide, impression renforcée par les aplats noirs qui dominent et dictent la composition des planches. Ces zones d’ombres, massives -liées à l’encrage initié à l’origine et qu’a poursuivi Sean Phillips- non seulement installent l’ambiance souhaitée, mais trouvent une justification scénaristique habile au cours de l’aventure. En masquant puis soulignant un élément de caractérisation physique du héros impliquant son passé.
Narrativement, l’enquête permet bien évidemment, comme c’est de coutume dans ce type de récit, de construire le héros, par les échanges avec ses proches, par sa relation aux lieux et aux événements. Mais elle introduit en outre des enjeux moraux, non seulement sociétaux mais aussi intimes, qui inscrivent cette histoire dans une perspective de tragédie. Et c’est là un tour de force de la part d’Ed Brubaker, scénariste du volume.
Par ces deux manières d’exploiter le patron du polar, Scène de crime tire son épingle du jeu. Cette façon de se démarquer justifie d’ailleurs certainement l’éloge formulé par Brian Bendis dans la préface, l’hommage appuyé qu’il rend au travail de son collègue Brubaker, un des autres auteurs très en vogue dans la production des comics depuis une douzaine d’années.
(par Aurélien Pigeat)
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