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Schuiten et Peeters élaborent "La Théorie du grain de sable"

Par Charles-Louis Detournay le 28 septembre 2007                      Lien  
Dans un nouveau format particulier, les auteurs des Cités Obscures nous livrent un splendide conte, empli de bonnes surprises graphiques et narratives. Un des évènements de la rentrée.

Brüsel, 21 juillet 784. Constant Abeels répertorie avec patience les pierres qui se matérialisent mystérieusement dans les différentes pièces de son appartement. Dans un immeuble voisin, une mère de famille constate, de la même manière, que du sable s’accumule avec régularité dans son appartement, tandis qu’un peu plus loin, le patron et chef cuisinier de la célèbre brasserie Maurice découvre qu’il perd du poids, sans maigrir pour autant… Et ces étranges phénomènes ne font que s’accentuer à mesure que passent les jours. C’est pour enquêter sur ces faits insolites qu’une femme arrive spécialement de Pâhry : Mary Von Rathen, celle qu’on a autrefois surnommée “l’enfant penchée”. Elle découvre bientôt que la plupart de ces phénomènes semblent reliés à la personne de feu Gholam Mortiza Khan, un guerrier Bugtis venu tout récemment à Brüsel pour vendre des bijoux, et malencontreusement renversé par un tram en sortant d’un rendez-vous à la maison Autrique…

Schuiten et Peeters élaborent "La Théorie du grain de sable"
Benoit Peeters
Photo : D. Pasamonik

François Schuiten et Benoît Peeters aiment surprendre : ils avouent eux-mêmes penser leur prochain album des Cités Obscures « contre » le précédent. Donc, après le diptyque de la Frontière Invisible, d’un schéma narratif clair, bien structuré en chapitres avec de belles grandes planches couleurs, ils nous proposent ce nouvel opus en noir et blanc au pinceau dans un format à l’italienne.

Il s’agit d’un album pivot dans le monde des Cités Obscures, qu’ils explorent pour nous depuis plus de 20 ans : reprenant la démarche scientifique de la Fièvre d’Urbicande, on retrouve la mégapole de Brüsel aux côtés de Mary Von Rathen, l’Enfant Penchée, pour résoudre cette succession de phénomènes inexpliqués. Comme dans ce dernier album où la photographie prenait une place prépondérante, un blanc « pur » attire le regard du lecteur pour, à la fois, le guider et l’intriguer.

Négligeant les grands espaces architecturaux qui ont façonné sa renommée, François Schuiten se recentre sur des scènes intérieures toutes autant prodigieuses. Il détaille ainsi sous toutes ses coutures la Maison Autrique, lieu qui accueille d’ailleurs actuellement l’exposition liée à cet album.

La Théorie du Grain de Sable. Par François Schuiten & Benoît Peeters
Editions Casterman

L’utilisation de différentes techniques graphiques agrémentées d’effets innovants produit un album passionnant où la surprise attend le lecteur à chaque page. On prend d’ailleurs un malin plaisir à débusquer la multitude de références disséminées par les auteurs : les films dans lesquels ils ont collaborés, des lieux qui leur sont chers, ainsi que leur passion commune pour Hergé. Effectivement, comme dans certaines aventures de Tintin, c’est le hasard qui lance l’histoire, devenant le ressort de l’intrigue. La Théorie du Grain de Sable serait-elle l’équation scientifique du battement d’aile du papillon ? Il faudra attendre la seconde partie de ce diptyque pour vérifier si le sable et les pierres auront pris, après la nature, le dessus sur Brüsel.

Un album dense et magnifique, dans la plus pure ligne des Cités Obscures !

François Schuiten (ici devant les Galeries Saint-Hubert) est un grand admirateur de Victor Horta, par ailleurs aussi l’architecte du Centre belge de la bande dessinée.
Photo : DR

L’exposition dans la maison Autrique

Le bâtiment conçu par l’architecte belge Victor Horta, l’une des figures majeures de L’Art nouveau, auquel l’oeuvre de Schuiten ne cesse de rendre hommage, s’offre bien évidemment, comme nous vous le disions, en réceptacle à tout un univers où Bruxelles et Brüsel parfois se confondent, proposant au visiteur planches et sérigraphies originales, projections vidéo, objets mystérieux, livres et images introuvables. À cette occasion, quelques planches originales de l’album seront mises en vente. Six sérigraphies ont été éditées par Archives Internationales. Et le documentaire-fiction "Le Dossier B" a été édité pour la première fois en DVD ; un tirage numéroté et signé du nouvel album y est proposé en exclusivité.

NB : La réédition des Murailles de Samaris, sortie dernièrement, contient une courte et rare histoire, L’étrange cas du Dr Abraham, ainsi qu’une dizaine de planches d’un album inachevé : Les Mystères de Pähry. Un immanquable pour les passionnés.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Les illustrations sont © Schuiten/Peeters/Casterman

Les Cités Obscures, T 15 : La Théorie du Grain de Sable. Par François Schuiten & Benoît Peeters - Casterman

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L’exposition se tient du 7 septembre 2007 au 7 mars 2008, du mercredi au dimanche, de 12 à 18 heures (dernière admission à 17h30).
Fermé les jours fériés.

La Maison Autrique – 266 Chaussée de Haecht, 1030 Bruxelles – Belgique
Tél : + 32 2 215 66 00
Information : www.autrique.be — info@autrique.be

Tarifs : Adultes : 6 € ; Groupes, seniors : 4,50 € ; Réduit : 3 €.

Les Cités obscures Casterman ✍ Benoît Peeters ✏️ François Schuiten
 
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4 Messages :
  • "Un album dense et magnifique, dans la plus pure ligne des Cités Obscures !"... alors là, vous y allez un peu fort ! Si on compare cet album avec ce qu’a réalisé Schuiten pour "la tour" ou "l’enfant penchée", on se dit qu’il devait avoir le feu quelque part pour expédier pareillement le travail ! Si on excepte quelques pages (j’allais écrire "cases"..), j’ai ressenti une très désagréable impression de bâclé, de travail "à l’arrache".(je suis pourtant un inconditionnel du tandem Peeters-Schuiten que je lis et relis régulièrement !). J’espère qu’il se rattrapera au tome 2 !
    Cette méchante critique ne vaut que pour le dessin, le scénario m’ayant par ailleurs beaucoup plu.. (et tout ceci n’est que mon modeste avis ! )

    Répondre à ce message

  • Pour ma part je trouve que cet album retrouve l’esprit des grands albums d’Hergé : la lisibilité des images et de l’histoire,tout en travaillant les détails de chaque dessin-.J’ai pris un tel plaisir que, c’est de plus en plus rare de nos jours, je me suis mis à le relire dans la foulée.Le format italien donne , comme souvent, un aspect cinémascope qui sert cette histoire ; le noir et blanc apporte ici un climat intemporel ; j’espère que le tome 2 aura les mêmes qualités...Déjà un classique !

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  • Dessin toujours aussi rigide et sans âme, composition arbitraire mais sans imagination de la page, équilibre inexistant au sein même de la case, scénario alambiqué et prétentieux. Je ne me ferais jamais au succès de Schuiten et Peeters. Mais je fais partie d’une minorité, il faut le reconnaître...

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    • Répondu par Balthus le 18 janvier 2009 à  16:21 :

      Pour moi, ces deux là sont les meilleurs du monde, et je déteste Tintin, Hergé et sa clique. Tout y est,le voyage mais surtout le rêve et malheureusement on se réveille. Je ne suis qu’à la moitié du premier tome, ils sont hallucinants d’imagination. Mon rêve serait de pouvoir me faire dédicacer l’enfant penchée.A quand à Paris ? Si quelqu’un peut me répondre.

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