Alors que leurs parents sont partis assister à une conférence scientifique, Justin et Solène voient débarquer chez eux un étrange visiteur. Ce professeur Ulwazi vient du futur et a pour mission d’initier ces chères têtes blondes à l’astrophysique et autres connaissances de l’univers.
On s’en doute, cet individu un peu fantasque ne répond pas aux canons traditionnels de la SF, mais possède tout de même quelques pouvoirs « magiques ». Secondé par la gentille Freesia, une assistante virtuelle, il parvient à transporter les deux enfants « sur place » pour observer Jupiter, Mars et d’autres merveilles de l’espace. À cela s’ajoute un volumineux discours explicatif, allant de l’action de la gravitation aux mystères de l’évolution du système solaire, toujours à l’aide de termes simples et imagés.
Ponctué de quelques gags et de belles illustrations, le discours de ce professeur iconoclaste passe plutôt bien en dépit d’un volume parfois... envahissant. En cherchant à aborder par le truchement de cet album attractif et distrayant la mécanique quantique ou la biotechnologie, les auteurs ont manifestement placé la barre assez haut. Au risque de rester à un niveau de narration un peu trop scolaire et très abondant.
Qui trop embrasse, mal étreint ! L’adage pourrait s’appliquer à ce sympathique objet éditorial, pavé de bonnes intentions mais peut-être légèrement ambitieux. Si la volonté de faire acte de pédagogie est évidente, est-elle suffisante pour captiver le public visé ? Chacun a lu des albums au contenu non explicitement pédagogique, mais dans lesquels il a appris des choses. Ne découvre-t-on pas plus l’antiquité dans les albums d’Astérix, les effets de l’apesanteur dans Tintin ? Tout cela sans exclure l’humour ou la fantaisie, bien évidemment !
En dépit de ces réserves, ce premier tome consacré aux relations espace-temps demeure une tentative fort honorable par la séduction du graphisme très lisible et dynamique de Mariolle et des couleurs de Laurence Croix. Le scénario de Beka (les Rugbymans, Le jour où... chez le même éditeur) associé à Chacma, pour la partie scientifique, offre toutefois des pistes de réflexion intéressantes.
Apprendre en s’amusant ou l’inverse, cruel dilemme pour les auteurs soucieux d’associer BD et pédagogie. On peut souhaiter que les livres suivants montrent plus de légèreté pour le côté didactique au profit d’une narration plus imaginative et plus distrayante.
(par Patrice Gentilhomme)
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