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Sébastien Dallain (Panini France) : « Notre activité est en pleine expansion »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 19 juin 2007                      Lien  
Il y a dix ans, les éditeurs de comics en kiosque n’étaient pas présents en librairie. En 1999, après une première expérience avec les éditions Bethy, Panini est entré dans ce secteur et s’y taille depuis une place de choix. Elle vient encore d’être renforcée, à la suite à l’acquisition par ce groupe des licences Warner. Rencontre avec Sébastien Dallain, le directeur éditorial de Panini France.

Avec l’acquisition du pôle jeunesse de Cyber Press Publishing (licences de personnages Warner et des Schtroumpfs), vous fêtez en fanfare les 10 ans de la présence de Panini France en librairie. L’idée de cette acquisition est de proposer un catalogue de magazines complémentaires à vos titres de super-héros plutôt destinés aux 10-15 ans, mais cette fois en direction des plus jeunes.

Exactement. En fait, cette acquisition nous permet de faire le lien entre nos collectionneurs de stickers, parmi lesquels figurent déjà quelques licences de la Warner, lesquels sont pour l’essentiel des petits, avec la tranche d’âge supérieure des lecteurs de comics. Ces titres occupent la tranche d’âge intermédiaire.

Sébastien Dallain (Panini France) : « Notre activité est en pleine expansion »
"Fantastic Four : La première famille" de Joe Casey et Chris Weston
Ed. Panini France

Cela nous permet de compléter, mais c’est surtout un désir de développer le pôle presse pour la jeunesse de Panini France. On avait déjà commencé en lançant, là pour le mois de juin, un titre qui a pour titre « Spider-Man et ses amis », à destination des plus petits. Cette acquisition nous permet d’étoffer notre activité jeunesse et de créer une véritable rédaction à Paris et un vrai projet éditorial pour ces magazines.

La directrice sur pôle jeunesse de Cyber Press Publishing, Lise Benkemoun, rejoint votre équipe ?

Oui. Dans le cadre de la reprise, il y a une loi qui s’applique, la Loi L122-12 qui prévoit que lorsqu’on achète un magazine, le personnel peut être repris également. Bien sûr, on applique cette loi et on récupère toute l’équipe, rédacteurs et maquettistes, formés par Lise Benkemoun, la directrice du pôle jeunesse à l’origine de beaucoup de ces titres. Elle a pour mission de les développer, car on a des ambitions de développement, en librairie notamment, car ces produits n’existent qu’en kiosque. Notre stratégie est d’appliquer le modèle que Panini utilise pour Marvel aux licences Warner, créer pour elles une véritable entité en librairie.

Avec ces nouvelles acquisitions, vous en êtes à combien de nouveautés par an ?

Au total, on arrive à 600 parutions, réparties à 50% en kiosque et 50% en librairie. C’est une sacrée progression car lorsque je suis arrivé chez Panini en 1996, on en était parti avec 187 parutions en kiosque seulement.

Quelle est la part des mangas dans cette production ?

On produit 120 mangas par an.

Vous avez publié des auteurs français avec des personnages américains. Est-ce que la création française est toujours d’actualité ?

Elle revient à l’ordre du jour mais malheureusement, aujourd’hui, je ne peux pas vous dire dans quelle mesure et sous quelle forme parce qu’on est en train de signer un gros partenariat avec un éditeur pour développer des comics avec des auteurs français. Nous avons déjà signé un accord mais notre programme éditorial n’est pas encore construit. Avec Marco Lupoï [1] et Walter De Marchi, responsable des rédactions, nous sommes en train de bâtir un planning pour fin 2008. Nous avons fait le constat que nous étions très bons pour faire des adaptations en langue française. Par contre, en création, nous n’avons pas d’habitude historique et nous avons du mal à gérer le processus, même si le Wolverine de Buchet et Morvan continue à bien se vendre.

En Italie, ça marche pas mal aussi. Vous publiez un nouvel album de Manara ?

"Transmetropolotain" de Warren Ellis et Darick Robertson
Ed. Panini France

Oui. Mais le projet est récent. C’est une BD sur le champion de moto Valentino Rossi qui paraîtra en France aux alentours du mois d’octobre. Nous avons un projet avec lui sur les X-Men. Nous avons aussi quelques projets avec les auteurs de Witch. Mais on s’est recentré sur ce que l’on sait faire, les comics, et on va travailler avec un partenaire français dont c’est le métier de faire de la bande dessinée. Mais pour l’instant, je ne peux pas vous en parler.

La présence de Panini en libraire aujourd’hui est pérenne. Quel est son poids dans votre chiffre d’affaires ?

Sur 25 millions de chiffre d’affaires, les 2/3 sont le fait de l’activité presse, mais la librairie représente 50% de la rentabilité de la division car les produits en librairie sont vendus plus chers et parce qu’il y a plus de rentabilité sur les mangas que sur les magazines.
C’est une belle progression en dix ans, car nous ne faisions au départ que des fascicules en kiosque. En 1999, suite à un rapprochement dans un premier temps avec les éditions Bethy, nous avons lancé la collection 100% Marvel qui a été le début de cette aventure. En 2000, nous avons commencé à faire nos premiers mangas. Puis en 2005, nous avons acquis les licences de D.C. Comics que l’on a bien développé en librairie. Puis cette année les licences Warner. Il y a donc une constance dans la progression. Nous avons d’autres ambitions de développement car le groupe Panini est un groupe vraiment sain. Nous avons d’excellents résultats à la fois sur les stickers et sur notre pôle. C’est donc une société qui repose sur les licences Marvel, D.C. Comics et maintenir Warner en France et sur d’autres licences dans d’autres pays.

Dans les kiosques, vous avez une position de leader, mais est-ce que vous ne vous y sentez pas un peu seuls ?

Il y a toujours Sémic, avec une production maintenant un peu faible. Un peu Glénat et Delcourt. Sur les comics, nous sommes leaders en part de marché parce que nous avons 90% des titres leaders de Marvel et de D.C.

Comment se fait-il que vous réussissiez en kiosque, alors que les leaders de la bande dessinée en France n’y sont pas ?

"Global Frequency" de Warren Ellis
Ed. Panini France

C’est une bonne question. Je ne sais pas. Nous avons un lectorat plus jeune. C’est une explication. Les comics restent une bande dessinée populaire par le prix, par la fréquence des publications, Tous les mois, il y a un rendez-vous. C’est le même phénomène que pour les mangas, les jeunes n’attendent pas un an pour acheter la suite d’une bande dessinée.

Panini est une véritable multinationale, avec des filiales en Espagne, en Allemagne, en Angleterre, au Brésil… Est-ce qu’il y des synergies entre ces filiales ?

Il y a des synergies dans toutes nos activités mais il y a toujours une autonomie de décision du responsable d’activité. Si je n’avais pas eu envie de faire le Manara, personne ne m’aurait obligé à le faire. Ces synergies, on en crée encore plus maintenant car avec l’acquisition des titres Warner que nous publions aussi en Angleterre, on va pouvoir échanger. Sinon, on publie une ligne de Spider-Man qui a été créée par l’Angleterre. Là, on vient de lancer en kiosque, Spider-Man, les incontournables. On a lancé ce projet pour la France. La même version vient de sortir pour l’Espagne, une autre en Italie. Pour les bons projets, on a une capacité d’adaptation très rapide pour les publier dans les autres pays.

Y a-t-il des différences de culture et de consommation entre les différents pays ? Les personnages de DC Comics, Superman et Batman, ont toujours eu plus de mal en France, par exemple.

En Italie, nous ne publions pas DC mais nous le publions en Allemagne et les résultats sont moins bons en kiosque qu’en librairie. C’est le cas aussi pour la France. Donc, il y a des similitudes entre certains marchés. La programmation en Italie, où la culture de la BD en kiosque est très forte, contraste avec le programme français où nous avons des meilleurs résultats en librairie. Pour Marvel, par exemple, la France est le deuxième pays en terme de production et de vente au niveau mondial car nous sommes présents à la fois en librairie et en kiosque.

Les ventes des mangas ont explosé ces dernières années, notamment grâce à vous. Est-ce que cette progression va continuer ?

On sent un tassement. Les séries qui ne démarrent pas tout de suite ne démarrent plus du tout. Avant, on pouvait attendre trois ou quatre numéros avant qu’une série ne démarre vraiment ; aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Il y a une surproduction phénoménale. Donc, même si le nombre d’éditeurs va diminuer, il va y avoir une correction naturelle du marché, ne fut-ce que parce que les Japonais donnent maintenant les licences au compte-goutte. Ils ont en train de s’auto-réguler. Avec 150 mangas qui sortent tous les mois, c’est un peu n’importe quoi. Le lectorat ne peut pas suivre cette croissance. Sur les résultats du premier trimestre de cette année, la progression n’est plus celle à deux chiffres que l’on a connue ces dernières années.

La vente des comics est aussi en expansion. Elle est liée à l’actualité cinématographique, non ?

Tout à fait. Les films ont provoqué un regain d’intérêt pour cette famille de bande dessinée et on a le sentiment que les ventes ont commencé vraiment à décoller avec le premier Spider-Man et le premier X-Men. Là, cette année, avec le dernier Spider-Man sorti, on a une activité qui est en pleine expansion et qui est directement liée à ces sorties. Ce genre de bande dessinée qui avait été dénigrée par le passé, ne l’est plus auprès des nouvelles générations grâce à ce phénomène. Les comics ne sont plus ringards. Par conséquent, on a de bons résultats avec les comics pour les petits, ce qui ouvre des perspectives pour l’avenir.

Propos recueillis par Didier Pasamonik, le 4 juin 2007.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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