Secret Empire – Par Nick Spencer, Steve McNiven, Andrea Sorrentino et Leinil Francis Yu – Panini Comics

Secret Empire est le dernier acte du récit mis en place ces dernières années par Nick Spencer, qui avait alors en charge les différentes séries liées aux personnages portant le bouclier de Captain America (Steve Rogers et Sam Wilson). Essayons de résumer la situation : un cube cosmique, sous l’influence de Crâne rouge, a réécrit le vie de Steve Rogers et a fait de lui un héros caché de l’Hydra (organisation fasciste associée durant la Seconde Guerre mondiale avec les nazis) ; Steve utilise donc son aura de Captain America pour piéger les autres héros et faire des États-Unis un régime totalitaire sous sa direction.

Leader de l’Hydra, Steve est digne de soulever le marteau de Thor ?

© Marvel

Aussi étonnante que la démarche puisse paraître de prime abord (faire de Captain America un nazi en puissance), elle a au moins le mérite d’être inédite... sauf que le récit se saborde tout seul dès le troisième chapitre sur dix. Sans trop en révéler, le lecteur comprend que le cauchemar totalitaire qu’il a sous les yeux ne sera que temporaire et que ses conséquences sur le plan moral pour les principaux personnages seront nulles. Frustrant.

La majeure partie du récit devient alors un enchaînement de combats assez anecdotiques entre l’Hydra de Steve Rogers et le Réseau (les résistants), deux camps où l’on retrouve la plupart des têtes d’affiche de l’univers Marvel. Événement oblige, et dans la tradition de l’éditeur, on voit assez souvent des ellipses sur différentes trames du récit car elles sont racontées dans leurs séries d’origine et non pas dans cet album. Là encore, c’est frustrant.

Mais ce qui nous a semblé le plus décevant, c’est cette impression que Nick Spencer reste au même point qu’avec ses différentes séries Captain America ces dernières années : oui, il est plaisant de voir traités des sujets politiques dans une œuvre grand public (ici, l’opposition évidente entre les modèles démocratique et totalitaire), mais on reste sur des situations très théoriques car les personnages n’ont pas à s’engager réellement et à accepter les conséquences de leur choix. Nous aurions apprécié voir ces personnages être davantage éprouvés par le poids de leurs convictions.

Hank Pym et Ultron vont-ils réussir à réconcilier la famille divisée des Avengers ?

© Marvel

Tout n’est toutefois pas à jeter dans cet album, qui parvient tout de même à proposer une lecture assez agréable passés les fréquents affrontements brouillons à l’intérêt incertain. L’événement parvient ainsi à proposer un chapitre dantesque, le septième, où la geste héroïque et le drame sont au rendez-vous : la Veuve noire, Spider-Man (Miles Morales), Steve Rogers et le Punisher sont au cœur d’un moment mémorable de lecture, sublimé par les très belles planches du dessinateur Andrea Sorrentino. Il est dommageable que la tonalité d’ensemble de cet événement ne soit pas de cet acabit à nos yeux.

Porté par une équipe de dessinateurs talentueux qui se relaient au sein même des chapitres (comme toujours, nous sommes particulièrement réceptifs au style de Daniel Acuña), l’événement de Nick Spencer, Secret Empire, se révèle être à nos yeux un récit relativement moyen, mais pas aussi catastrophique que les échos le laissaient supposer depuis l’année dernière. Mais bon, lorsqu’un événement annoncé se révèle moyen, peut-être la visée initiale n’est-elle pas atteinte.