Les titres retenus cette année sont : La Bombe, illustrée par le Québécois Denis Rodier (avec Didier Alcante et Laurent-Frédéric Bollée au scénario, Glénat), Paul à la maison (Michel Rabagliati, La Pastèque), C’est comme ça que je disparais (Mirion Malle, Pow Pow / La Ville brûle) et Le Projet Shiatsung (Brigitte Archambault, Mécanique générale).
Consacré à l’histoire de la bombe atomique, La Bombe est assurément l’un des gros succès d’édition de l’année, avec une place enviable dans plusieurs palmarès. Ce pavé de 450 pages – un mélange de BD historique et de vulgarisation scientifique – est porté par le dessin maîtrisé de Denis Rodier (soulignons son utilisation magnifique du noir et blanc) ; un pari casse-gueule remporté haut la main.
Nous vous avions déjà parlé, en décembre 2019, du Projet Shiatsung. L’ouvrage figurait alors dans nos coups de cœur québécois de l’année. Dans cet album de fiction spéculative, une jeune femme est retenue prisonnière dans sa maison. Privée de contact humain, celle-ci n’interagit qu’avec une intelligence artificielle par le biais d’écrans. Si, l’an dernier, cette perspective nous apparaissait futuriste et dystopique, force est de constater que celle-ci est devenue réalité en 2020. Un ouvrage à redécouvrir, donc, à l’aune du confinement.
Enfin, les deux derniers titres de la sélection représentent en quelque sorte les deux faces d’une même pièce. Paul à la maison et C’est comme ça que je disparais abordent tous deux la question de la dépression, mais à l’aide de perspectives différentes : celle d’un homme mûr et celle d’une jeune femme. Si les deux albums sont touchants, et si la maladie mentale est un problème qui touche toutes les strates de la population, leur lecture devrait tout de même susciter une réflexion – pour ne pas dire une analyse genrée – sur les causes et les impacts de la dépression.
Le prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise [1] a pour objectif de « soutenir et mettre en valeur, dans un esprit de découverte, un livre de bande dessinée, publié en langue française, à forte exigence narrative et graphique, marquant par sa puissance, son originalité, la nouveauté de son propos ou des moyens que l’auteur y déploie ». Les albums finalistes ont été sélectionnés parmi les ouvrages de bande dessinée québécoise parus entre le 1er juillet 2019 et le 30 juin 2020. Le nom du lauréat ou de la lauréate sera dévoilé au début du mois de janvier 2021 dans un communiqué. En raison de la situation sanitaire actuelle, le prix sera remis en main propre au récipiendaire à une date ultérieure.
(par Marianne St-Jacques)
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[1] L’auteure de ces lignes est membre de l’ACBD et ancienne coordonnatrice du Prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise.