Des extraterrestres, un pouvoir technocratique, des rebelles en fuite : les protagonistes de ce one shot oppressant dressent un portrait du monde de demain, assombri par la maladie et la peur de l’extinction. Les opposants peuplent la "zone", un refuge à l’abri des drones. De son côté, une journaliste tente de trouver la vérité dans un milieu ou les bobards en série dominent l’information. Elle va découvrir la liaison entre une terrienne et un alien doué de sensibilité. Ces créatures de l’espace sont-elles des alliées ? Des destructeurs ?
Dans son écrin de noir cafardeux contrasté d’un vert kaki délavé, Semences mêle les codes graphiques du roman noir et de l’anticipation pessimiste, où la liberté coûte très cher et le pouvoir salit, mais protège, au moins temporairement. Les images utilisent un tramage bien maîtrisé et les personnages bénéficient de caractérisations efficaces. Des planches qui semblent inspirées (dérivées ?) d’images photographiques, l’ensemble évoquant aussi l’univers numérique et les jeux vidéos.
Si cet univers crépusculaire possède une belle identité graphique, le propos se perd un peu en route, les nombreux personnages et les dialogues touffus freinant l’intrigue. L’ambition d’Ann Nocenti apparaît élevée et ses citations inter-chapitres incitent à une réflexion profonde. Mais l’ensemble finit par manquer de liant, dominé par une série de tableaux urbains qui dominent le fond de l’histoire.
(par David TAUGIS)
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Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sidonie Van den Dries