À Sanguinem, grandiose cité souterraine, et dans un futur proche, des enfants attendent leur tour pour se voir prélever leur sang. Non pas à des fins médicales, mais parce qu’il s’agit de la nourriture de leurs maîtres, les vampires, qui les traitent comme du bétail.
C’est que l’humanité vient de vivre des heures sombres. Quatre années plus tôt, un virus a décimé l’ensemble de la population humaine âgée de plus de treize ans. Dans le même temps sont sortis des entrailles de la terre des créatures toute puissantes, les vampires, qui font leur moisson d’enfants afin de subvenir à leurs besoins.
Yûichirô et Mikael, tous deux orphelins avant la catastrophe font partie de ce cheptel d’un genre nouveau. Si le second, calme et réfléchi, compose avec l’ennemi afin d’améliorer le quotidien de ses congénères, le second, batailleur, a juré de s’enfuir et de renverser la table. Et lorsque l’occasion se présente d’échapper à leurs geôliers et de remonter à la surface, quelle n’est pas sa surprise de découvrir l’état réel du monde abandonné voilà quatre ans.
Difficile d’en dire davantage sans trop en dévoiler : l’un des intérêts de ce premier volume réside précisément dans les rebondissements successifs qui ponctuent le premier chapitre de la série et la révélation sur laquelle ils débouchent. Reste qu’après cela, le récit repart sur des bases assez communes de shonen d’action.
Et c’est là que le bât blesse : Seraph of the end souffre, en dépit de ses efforts pour surprendre le lecteur dans la mise en place, d’un manque d’originalité sur le fond. Le cadre où prend place l’action après le prologue, la trame qui s’y déploie et les personnages que l’on suit apparaissent extrêmement génériques. La série rappelle par exemple furieusement Blue Exorcist, publié dans le même magazine, le Jump Square.
Ainsi, on n’échappe pas à de nombreux clichés dans la caractérisation des héros, certains raccourcis dans le déroulement des événements frisant l’absurde. Des défauts cependant en partie compensés par des qualités du côté du dessin et de la narration. Le premier, rond, précis et agréable, rend la lecture fluide et agréable. La seconde enchaîne rebondissements et révélations sur un rythme soutenu, permettant à l’action de se déployer de manière efficace et énergique.
Ce premier tome offre au final une lecture plaisante, même si elle s’avère finalement anecdotique et peu mémorable. L’intérêt pour la suite s’appuie sur un background qui suscite la curiosité. Précisons enfin que le titre s’adresse, du fait du traitement des personnages et de l’intrigue, plutôt au jeune public friand de shonen d’action sur fond de fantastique (ici vampires et démons), sans pour autant hésiter à introduire du drame et des morts. L’ambiance y est donc alternativement sombre et comique, grave et légère.
(par Aurélien Pigeat)
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Seraph of the end T1. Par Takaya Kagami (scénario), Yamato Yamamoto (dessin) et Daisuke Furuya (story-board). Traduction Frédéric Malet. Kana, collection Shonen. Sortie le 17 avril 2015. 204 pages. 6.85 euros.