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Serge Bromberg (Directeur artistique du Festival d’Annecy) : "La bande dessinée et le dessin animé sont faits pour s’enrichir les uns les autres."

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 7 juin 2012                      Lien  
Depuis plusieurs années, Serge Bromberg est le directeur artistique du Festival International du Cinéma d'Animation d'Annecy. Alors que la BD reste une référence et qu'elle reste très présente dans la sélection officielle, nous faisons le point avec lui, au moment où il s'apprête à quitter sa fonction de directeur artistique du festival.

La BD reste-t-elle un incubateur pour le cinéma ?

En fait, depuis les années 1930, dès qu’il y avait un succès en BD, on en faisait un film et un succès au cinéma, on en faisait une BD. Comme c’étaient des personnages dessinés, on en faisait plus naturellement des dessins animés. Je crois que cet apparentement enter la BD et le dessin animé est dans l’ADN des deux genres. Ils sortent tous les deux du stylo et de l’imagination de personnes qui sont intellectuellement libérées des contingences de la prise de vue réelle. Il est donc quelque part normal que ces espaces se retrouvent et se rejoignent.

Les tendances sont toujours les mêmes : Dès qu’une BD a du succès, on en tire des séries TV et des films : Tintin, les Schtroumpfs, etc. Il faut voir les choses par le petit bout de la lorgnette, c’est à dire en grand : ces deux univers-là sont faits pour s’enrichir les uns les autres. Même s’ils ne sont pas dépendants l’un de l’autre, comme ils prennent leur source au même endroit, il est naturel qu’ils soient sinon frères, au moins totalement cousins, et qu’il y ait des réunions de famille !

Serge Bromberg (Directeur artistique du Festival d'Annecy) : "La bande dessinée et le dessin animé sont faits pour s'enrichir les uns les autres."
Une conférence intitulée "Gestion de production et Asset management" ou comment gérer 300 personnes en temps réel autour d’un film...

Dans les Works in Progress du Festival, on trouve l’adaptation de Ma maman est en Amérique d’Émile Bravo et Jean regnaud ou encore celle de Aya de Yopougon de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie...

Oui, Aya est produite par Autochenille Productions qui a fait Le Chat du rabbin. Il y a des studios qui sont drivés par la BD, c’est une stratégie. Il y en a d’autres qui cherchent des idées nouvelles, et donc des licences nouvelles et qui, une fois qu’ils ont déposé leurs personnages les déclinent sous la forme de BD ou de magazine. C’est la globalisation et la diversification des médias qui veut cela.

Vous savez, la BD et le dessin animé ont les mêmes problèmes : est-ce que la BD va rester sur du papier ou passer complètement online avec une interactivité liée ? C’est un questionnement qui vaut aussi pour le cinéma d’animation.

Je ne suis pas sûr que l’on puisse évoquer aujourd’hui une tendance. On peut toujours évoquer un point de vue, supposer qu’il y a une tendance qui va de la BD à l’animation. Mais qu’il y en ait plus ou moins, je ne suis pas sûr que cela s’inscrive dans une signification quelconque sur le long terme.

A Annecy, on peut voir sur les stands du marché du film (MIFA) tous les logiciels les plus en pointe pour l’animation

Annecy reste un rendez-vous incontestable ?

Oui, j’abandonne à partir de cette année la direction artistique, mais j’aurai d’autres missions l’année prochaine. On n’arrête pas une histoire d’amour comme cela.

Propos recueillis par Didier Pasamonik

Le stand d’Ankama à Annecy 2012

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

Festival d’Annecy 2012, jusqu’au 9 juin 2012.
Le site Internet du Festival

Lire notre compte-rendu de l’édition 2012

Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

 
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1 Message :
  • Les premières adaptations de bande dessinée au cinéma l’ont été avec des acteurs réels. Ces adaptations de dessin papier à dessin animé n’ont pas été immédiates. C’est surtout du côté de la magie et du spectacle du "chalk-talk" (lightening sketcher ou dessinateur express (Note : McCay était un chalk-talker tandis que le pionnier Emile Cohl mettait son trait en négatif pour singer le tableau noir)) qu’est l’origine du dessin animé. Ce n’est que plus tard, les années 10, que les dessinateurs de bande dessinée ont embrayés avec de l’animated cartoon (qui était souvent du carton animé).

    Les adaptations de bande dessinée en dessin animé, ce sont essentiellement l’œuvre de producteurs frileux relevant d’un désir primaire de transformer les succès papier en succès ciné. Concernant les adaptations de films ou dessins animés en bandes dessinées, un recueil du genre serait profondément déprimant. Les spécificités des deux médias sont trop souvent négligées par les éditeurs et producteurs...et apparemment aussi par les organisateurs de festivals.

    Une démarche qui me semble plus intéressante est celle de Pictoplasma en Allemagne, qui plutôt que de ce concentrer de manière monomaniaque sur un média, explore la création de personnages et d’univers tous médias confondus.

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