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Seven Deadly Sins T4 & 5 - Par Nakaba Suzuki - Pika

Par Guillaume Boutet le 10 novembre 2014                      Lien  
Dans le but de retrouver l'un des leurs, les criminels les plus célèbres de Britannia se sont aventurés dans la mystérieuse Capitale des Défunts. Ils y trouvent leur lot de retrouvailles et de batailles, avant de se lancer dans une nouvelle aventure qui les mène à un festival, et plus particulièrement à un tournoi d'arts martiaux auxquels ils ne peuvent résister de prendre part !

Toujours aussi endiablé, Seven Deadly Sins continue de s’imposer comme un titre incontournable, incarnant un shônen manga [1] à l’ancienne aussi simple qu’efficace. L’univers mêle la légende arthurienne aux codes classiques du shônen, mais sans utiliser la trame, pourtant classique, du récit initiatique. En effet les héros possède le statut de figures légendaires, à la réputation et aux aventures déjà fameuses. Il ne représentent donc pas une jeune génération à devenir, comme le sont classiquement les héros de shônen.

C’est là que se situe l’originalité de la série : le reversement du jeu des figures générationnelles. Au lieu de raconter la légende arthurienne, Nakaba Suzuki place son récit avant, et narre la légende perdue, celle qui a précédée la légende connue. Les héros de son manga, les Seven Deadly Sins, deviennent ainsi les figures et les modèles inspirant la jeune génération. Dans le canevas du shônen, le lecteur suit traditionnellement une nouvelle et jeune génération, héritant et poursuivant l’idéal ou la quête de la précédente. Dans Seven Deadly Sins, c’est donc l’ancienne génération, expérimentée et déjà fameuse, que suit le lecteur.

À cela s’ajoute un travail particulièrement soigné concernant la caractérisation des héros et de leur histoire personnelle, qui les ancre chacun dans une dimension tragique, à la fois origine de leur crime et de leur péché, mais également de leur légende.

Seven Deadly Sins T4 & 5 - Par Nakaba Suzuki - Pika
Ban le bandit immortel et sa bien-aimée, la fée Ellaine
NANATSU NO TAIZAI © 2013 Nakaba SUZUKI / Kodansha Ltd.

Ainsi le tome quatre entraînant nos héros dans un lieu mystique où les vivants peuvent rencontrer les défunts, nous dévoile le passé liant deux des membres des Seven Deadly Sins, autour du motif d’un amour transcendant la mort. Un passage émouvant et fort bien mis en images, qui impressionne par sa justesse.

Le tome se termine par un récit spécial, celui de Ban [2] et de l’origine de son péché, qui constitue un seuil dans le manga. C’est en effet le premier des « péchés » que le lecteur découvre. Une histoire simple et très jolie, qui mêle habilement thèmes mythologiques et récit initiatique, et apporte un approfondissement diablement efficace au personnage de Ban, et à l’univers de la série en général.

Un garçon volant sur son oreiller, une truie transportant une taverne et une géante : les Seven Deadly Sins en vadrouille !
NANATSU NO TAIZAI © 2013 Nakaba SUZUKI / Kodansha Ltd.

Le manga de Nakaba Suzuki n’oublie pas pour autant l’humour et l’action, les deux leviers indispensables à la narration de tout bon shônen. Sur ces points le tome quatre nous propose un intense combat opposant nos héros à un Chevalier Sacré particulièrement tenace en la personne de la « jeune » Guila – concluant l’arc de la Capitale des Défunts.

La suite enchaîne sur un nouvel arc narratif qui exploite le thème shônen très classique du tournoi. Comme dans l’arc précédant, Nakaba Suzuki l’utilise pour y développer de nombreuses choses en simultanée : action fun et sans temps mort, avec des duels et des duo inattendus, introduction de personnages, portant différentes intrigues, que ce soit celle principale avec les Chevaliers Sacrés ou d’autres plus personnelles, liées au passé des héros.

© 2012 Nakaba Suzuki / KODANSHA / Pika

Loin d’être une simple pause statique, se résumant simplement à des combats, le mangaka y démontre son habileté à ficeler de nombreux éléments narratifs en un même mouvement, dynamique et fluide.

Le lecteur appréciera les caractérisations très sympathiques de certains nouveaux personnages, comme Howzer, le passionné de « baston », ainsi que les (re-)caractérisations de têtes déjà connues, apportant son lot de surprise et d’approfondissement, qui sont autant de preuve de la richesse et du dynamisme de la galerie de personnages du manga.

Signalons également, sur un autre registre, un point de traduction, qui peut éventuellement poser problème. L’univers de la série introduit plusieurs peuples fantastiques, issus du folklore celtique comme les géants et les fées. Parmi ces peuples, il est question dans la traduction française d’un clan des déesses, qui aurait participé jadis à une grande guerre.

Un tel peuple n’existe pas dans le folklore celtique, néanmoins la langue japonaise n’ayant pas de notion de « nombre » explicite, ce nom de peuple pourrait être traduit également par « clan de la déesse ». Et dans ce cas, cela prendrait un sens : il pourrait en effet s’agir d’une référence aux Tuatha Dé Danann, fameux peuple de dieux celtiques, dont le nom se traduirait par « tribu de la déesse Dana ».

Pour le moment le doute subsiste quant à la signification de ce clan mystérieux et seul l’avenir nous apprendra s’il s’agit d’un peuple de « déesses » ou bien d’une version ré-imaginée des fameux Tuatha Dé Danann !

En somme et pour finir, Seven Deadly Sins apparaît donc comme un shônen qui s’inscrit dans une tradition classique, assumée, mêlant action, humour et héros typés, saupoudré d’un zeste de drame, en tout renversant le jeu traditionnel entre ancienne et nouvelle génération, pour un résultat qui impressionne.

Une réussite qui se trouve d’une part dans une narration maîtrisée, conférant au récit une étonnante densité et vivacité, et d’autre part dans des caractérisations bien ficelées, qui font mouches. De la paresse et des rêveries de King, à l’envie de Diane d’être aimée et acceptée, en passant par les rapines de Ban, souvent inattendues, et qui visent même la mort, la recette est simple mais fonctionne diablement bien grâce une étonnante alchimie entre les personnages.

Avec une adaptation animée qui vient de débuter, qui devrait permettre à la série de développer sa popularité, et la parution au Japon cette dernière semaine du centième chapitre, marquant la fin d’un premier cycle d’aventure, Seven Deadly Sins a tout le potentiel d’un hit en devenir et d’un futur classique. C’est tout ce que nous lui souhaitons pour notre part, ayant déjà succombé à son charme !

Diane et Meliodas face à Guila : un combat explosif !
NANATSU NO TAIZAI © 2013 Nakaba SUZUKI / Kodansha Ltd.

(par Guillaume Boutet)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Seven Deadly Sins T4 & 5. Par Nakaba Suzuki. Traduction Fédoua Lamodière. Pika, collection "Shônen". Sortie le 20 août 2014 & le 1er octobre 2014. 192 pages. 6,95 euros.

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Seven Deadly Sins sur ActuaBD :

- Lire la présentation de la série

Concernant les autres œuvres de Nakaba Suzuki :

- Lire la chronique des tomes 1 & 2 de Kongoh Bancho
- Lire la chronique du tome 3 de Kongoh Bancho
- Lire la chronique du tome 11 de Kongoh Bancho

[1Shônen : désigne un type de manga ayant pour cible éditoriale les garçons adolescents.

[2Certains noms de protagonistes reprennent les patronymes des parents de certains chevaliers de la table ronde. Cependant il ne s’agit pas d’une référence à prendre au premier degré, mais plutôt une façon de souligner l’appartenance des personnages à une génération précédente.

Seven Deadly Sins
 
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