2008, une crise financière d’ampleur inégalée frappe plusieurs grandes banques et des sociétés d’assurance américaines qui déposent le bilan. Les répercussions économiques sur le monde sont catastrophiques et des pays entiers font faillite…
Quelques mois plus tôt, Mathieu Dorval, jeune diplômé de HEC fraîchement débarqué à la BCE relève justement d’inquiétantes données à propos de la dette de la Grèce : le pays serait en situation de quasi-faillite depuis deux ans ! Au fil de ses découvertes, il va mettre le doigt dans un engrenage redoutable, le conduisant aux sources de la crise qui s’annonce et de ses protagonistes peu scrupuleux…
Après les quatre tomes d’Uchronie[S] - New Byzance, on attendait beaucoup de la suite du nouveau tandem formé par Éric Corbeyran et Éric Chabbert. Mais suite à l’échec de Blackstone, il a fallu revoir la copie pour renouer avec le succès, et peut-être dénicher une nouvelle thématique.
Celle-ci fut apportée par Frédéric Bagary, un ami d’enfance d’Éric Chabbert. Cet ex-trader et directeur d’un réseau de banque en France est un professionnel de la finance internationale, discipline qu’il enseigne d’ailleurs dans des écoles de commerce. Pour l’avoir vécu de l’intérieur et si souvent expliqué à ses étudiants, Bagarry met donc en lumière les arcanes de cette crise qui a mis le système financier mondial à genoux.
Eric Chabbert est aussi à l’aise dans le dessin des salons feutrés des grandes institutions bancaires, que dans l’architecture des quartiers financiers des Cities. Avec ces gratte-ciels élancés, il retrouve d’ailleurs un des éléments qui avait fait la réussite de New Byzance.
Porté par le dessin, le lecteur est rapidement captivé par la teneur du récit. Bagarry parvient à replacer les éléments financiers qui ont été si souvent évoqués dans les médias. Les enjeux des grandes banques deviennent compréhensibles, la responsabilité de certains organismes n’en sont alors que plus tristement dénoncée.
Eric Corbeyran apporte à ce duo sa science du thriller. Certes, on a déjà souvent vu cette figure du jeune homme au cœur d’un complot et poursuivi par les différentes factions en présence. Mais l’authenticité du sujet permet de maintenir le lien entre le lecteur et le récit, ce qui rend d’autant plus passionnantes les péripéties qui sont présentées dans ce premier tome.
Shadow Banking se révèle donc être une série aussi divertissante qu’efficace. La véracité du récit demeure l’élément de base pour comprendre les rouages de la finance mondiale et saisir comment le système a pu péricliter.
Comme le dit Bagarry : "Les moteurs de cette crise, l’appât du gain, la lâcheté des hommes sont vrais. L’impuissance ou l’aveuglement des gouvernements sont [également authentiques]. Les meurtres... Je ne sais pas. Et pourquoi pas ? Quand on parle de chiffres avec beaucoup de zéros, tout devient possible."
(par Charles-Louis Detournay)
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