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Sherlock Holmes, Dracula et leurs créateurs revisités par la collection "1800"

Par Charles-Louis Detournay le 20 octobre 2011                      Lien  
Nous vous avions déjà présenté [cette collection "1800"->art9938] qui mélange audacieusement les personnages romanesques les plus célèbres du XIXe siècle pour nous les présenter avec de nouveaux atours. Nouveau bond en avant pour Holmes, Tepes, Conan Doyle & Stoker !

Après Arleston, Jean-Luc Istin est en passe de devenir le deuxième homme fort de Soleil. En plus d’être auteur, il est le créateur des collections Soleil Celtic et Anticipation, dirige la collection des Secrets du Vatican, et a fondé la collection 1800 qui mêle divers personnages issus des romans illustres du XIXe pour leur donner une nouvelle vie.

Face à l’avalanche mensuelle des nouveautés, le lecteur a tendance à tendre la main vers des aventures mettant en scène des personnages qu’il connaît, mais l’artifice ne doit diminuer la réussite d’Istin par rapport à cette collection 1800, car la majorité des albums est fort bien menée et encadrée. Focus sur deux nouveautés qui paraissent ces jours-ci.

Sherlock Holmes, Dracula et leurs créateurs revisités par la collection "1800"
Dracula T1 : L’Enfance du monstre
Ed. Soleil

La jeunesse de Dracula

Les vampires, Dracula en particulier, occup entune place à part dans la bande dessinée. C’est pourtant la première fois que se rencontrent le réputé Comte, et son créateur, Bram Stoker !

Ce premier tome, L’Enfance d’un monstre, évoque une série de crimes perpétrés à Venise en juin 1899. Les corps des victimes sont retrouvés vidés intégralement de leur sang. La médium Letizia Giordano, nièce du célèbre Arthur Conan Doyle, prête main-forte à une police totalement impuissante. Mais Letizia ne peut résoudre cette affaire seule et elle décide donc de se rendre à Londres auprès de son oncle. Aux côtés de personnages illustres tels que Van Helsing, Lady Darmanson ou encore Bram Stocker, elle se lance à la poursuite du monstre, dont ils connaissent l’identité : Vlad Tepes plus connu sous le nom de Dracula. Afin de le combattre, ils se demandent ce qui s’est-il passé dans son enfance au XVe siècle pour qu’il soit devenu le monstre assoiffé de sang qu’il est aujourd’hui ?

Il faut tout l’expérience d’Éric Corbeyran pour évoquer avec brio cette chasse au monstre, mêlant personnages de fiction et leur propre créateur. De plus, cette introduction de la psychologie en cette histoire située à la fin du XIXe siècle angle d’une manière inédite un combat bien plus excitant que la traditionnelle attaque à la balle d’argent au pieu consacré.

Fino joue la carte du réalisme pour mettre en scène le récit : l’immersion dans le pays du voïvode est intéressante, mais les amateurs apprécieront surtout l’évocation des grandes villes, en particulier Venise, une cité presque gelée depuis des centaines d’années, et dont le théâtre convient particulièrement bien à Dracula. Malgré une certain raideur, le réalisme des décors et l’aspect fantastique de certains personnages permettent à l’histoire de prendre rapidement corps sous nos yeux.

Entre Conan Doyle, Bram Stoker, l’ambiance vénitienne et la contextualisation historique de la naissance de mythique Dracula, on est rapidement projeté dans la quête du sulfureux vampire. Un divertissement de qualité qui s’étendra sur trois tomes.

Dracula T1 : L’Enfance du monstre
Éditions Soleil

Après les vampires, Holmes s’attaque au Necronomicon de Lovecraft

Nous vous l’avions conseillé, le premier diptyque mettant en scène le célèbre détective aux prises avec les vampires était d’une thématique aussi déstabilisante qu’alléchante. C’est donc avec joie que nous retrouvons Sylvain Cordurié et Laci pour une seconde aventure. Si le lecteur connaît bien la personnalité extravagante d’Holmes, il prendra un grand plaisir à la voir justement détournée dans le début de ce second diptyque. Pour autant, les plus novices ne seront pas mis de côté car ce mini-suspense sera rapidement liquidé pour céder la place à une machination plus sombre.

Après la victoire sur les vampires du tome précédent, Sherlock Holmes a quitté Londres pour participer à une expédition scientifique en Arctique. Se délivrer du passé n’est toutefois pas si simple et, pour le célèbre détective, celui-ci va ressurgir sous une forme inattendue : à savoir un combat mimé par deux créatures de neige, qui reprennent l’opposition entre Homes et Moriarty. Sauf que cette pantomime se termine cette fois avec la mort de Holmes dans les chutes d’eau. Le message adressé à au célèbre détective est parfaitement clair : son vieil ennemi n’est pas mort, et il l’attend à Londres pour un combat où le savoir est la meilleure des armes. Mais il est des secrets dont les hommes devraient se garder, en particuliers ceux de certains livres dont les pages n’avaient pas à être tournées.

Sherlock Hlomes et le Necronomicon T1

Si l’action était au cœur du premier diptyque, celle-ci cède la place à une introspection intéressante sur le personnage de Holmes : comment est-ce ce scientifique acharné, ce défenseur de la toute-puissante logique a-t-il bien pu se laisser si facilement convaincre de l’existence des vampires et autres créatures fantastiques ? C’est qu’une part de Moriarty s’est greffée en lui alors qu’il le précipitait du haut de la falaise quelques mois plus tôt. On comprend dès lors mieux les subtiles modifications de personnalité du célèbre détective. Mais le damné professeur compte bien revenir à la vie en reprenant son bien, et l’unique voie pour y parvenir passe par le sombre livre dont la seule évocation du nom fait trembler : Le Necronomicon.

S’il est la suite directe du diptyque précédent, ce second cycle peut être aussi bien lu indépendamment. Moins punchy que l’aventure vampirique, on s’y laisse cependant guider par la plume de Cordurié pour vivre ces étranges aventures aux côtés de notre détective raisonneur.

La seconde partie du récit est plus rythmée, mais l’opposition entre les forces du bien et du mal qui prend place dans le cœur de Londres, emprunte davantage à La Ligue des gentlemen extraordinaires d’Alan Moore qu’à Lovecraft. Les férus des Grands Anciens feraient d’ailleurs mieux de se rapporter au titre explicite d’un autre ouvrage de la collection, car du Necronomicon évoqué dans le titre du diptyque, on ne dit rien… ou presque !

Sherlock Holmes T1 sur 2 : Les Origines
Éditions Soleil
Sherlock Holmes T1 sur 2 : Les Origines
Ed. Soleil

Qu’importe ! Le résultat est suffisamment innovant et bien mis en scène pour qu’on excuse cet effet d’annonce. Le déjà troisième titre de cette revisite fantastique de Sherlock Holmes continue de tirer vers le haut la collection 1800, et on en redemande !

Sherlock Holmes : les origines

Si Holmes est le personnage de fiction abondamment adapté au cinéma, il serait intéressant de faire le compte des albums de bande dessinée qu’il a inspiré pour se rendre compte que ce constat peut facilement être appliqué au 9e Art ! Soleil s’intéresse depuis longtemps aux comics et publie un diptyque retraçant la « première enquête inédite » du détective. En dehors donc de la collection 1800, la seconde partie paraitra en mars prochain.

La jeunesse d’un personnage aussi excentrique et charismatique qu’Holmes a beaucoup d’attrait. Conan Doyle lui-même en avait peu dit, si ce n’est dans la fameuse affaire du Gloria Scott, dans laquelle le futur détective apparaissait déjà comme un limier hors pair que les dons d’observation le poussent à une certaine solitude.

Alchimie T2 : Le Dernier des Rois maudits de Richard D. Nolane et Olivier Roman
Éditions Soleil

Cette adaptation se permet donc de se glisser chronologiquement entre le Gloria Scott et la fameuse Étude en rouge au cours de laquelle Holmes rencontre Watson et emménagent au célèbre 221B Baker Street. Ces Origines soufflent le chaud et le froid, campant d’un côté un Holmes solitaire et n’assistant qu’en élève libre qu’au cours qui pourront l’aider dans ses campagnes criminelles, et de l’autre comme un jeune homme très actif, n’hésitant pas à affronter un ennemi en surnombre plutôt que de faire travailler ses petites cellules grises.

La plus grosse entorse à la bio du personnage est sûrement la rencontre entre Watson et Holmes, mais il faut faire fi de ces approximations volontaires ou non pour se lancer dans la lecture de cette nouvelle intrigue. Après une introduction américaine nécessaire à la compréhension de l’épisode, Holmes et Watson vont se lancer dans une enquête opaque au cours de laquelle un tueur en série reproduit les meurtres des douze premiers César, au temps de la Rome antique.

Si cette trame narrative se développe davantage dans la seconde partie du récit, ce premier tome se distingue surtout par l’enquête menée par Watson pour comprendre qui est ce singulier personnage qui deviendra son ami. La séquence anglo-saxonne nous donne quelques très belles évocations, dynamisée par des cadrages audacieux, mais on regrettera certaines scènes d’action profondément inutiles. Cette vision "yankee" du détective amusera néanmoins les fans du détective dont l’esprit n’est pas trop étriqué.

Le Retour de Dorian Gray T1, prévu pour le mois de novembre

Les développements à venir de la collection 1800

Dans le même registre que les deux albums évoqués, la collection 1800 continue la publication de ses séries existantes : Alchimie T2 est sorti fin septembre, et on attend pour les prochaines semaines celle d’Ash T2. En janvier, nous aurons la suite et fin d’Allan Quatermain et de 20.000 siècles sous les mers.

La collection s’enrichit également de nouveautés : Le Retour de Dorian Gray évoquera bien entendu le roman d’Oscar Wilde mais en s’intéressant à la rédemption du dandy éternellement jeune. Celui-ci se mettra alors en chasse d’un tueur plus sanguinaire que lui, et il le trouvera en un homme invisible qui terrorise Londres. Cette série se basant sur les univers de Wilde et H.G. Wells s’articulera en diptyque, par Betbeder & Vukic, et le premier tome paraîtra le 16 novembre prochain.

L’Ours-Lune, T1 à paraître en janvier 2012

Autre nouveauté, programmée pour janvier, L’Ours-Lune est un huis clos dans Fort Sutter, lors du rude hiver 1869, quatre ans après la Guerre de Sécession. Il s’agira là encore d’un diptyque, un concept qui semble réussir à la collection, permettant de construite un univers élaboré sans lasser le lecteur impatient.

En faisant preuve d’inventivité dans un registre assez classique mais clair, connu des lecteurs, la collection 1800 est parvenue à imposer son concept sur un marché difficile. La conclusion des premiers récits permettront peut-être de réussir son introduction afin de la transformer en segment porteur en librairie, telle Soleil Celtic, une référence en la matière.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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