Shibuya Hell T.1 & T.2 - Par Hiroumi Aoi - Pika Edition

Au premier abord ce titre fera penser à Gyo, du maître de l’horreur japonais Junji Ito. Mais derrière cet aspect superficiel se cache un titre peut être un peu moins surprenant, mais possédant tout de même des qualités.

En ce début d’après-midi, Hajime se balade dans Shibuya le quartier branché de Tokyo. Lycéen plutôt ordinaire et sans histoire, il est également cinéaste amateur et est actuellement en train de réaliser un court-métrage. Il est à la recherche d’inspiration pour terminer son film lorsqu’il rencontre Chitose, la fille la plus populaire de son lycée. Après avoir brièvement discuté, ils sont interrompus par la scène de cauchemar d’un poisson rouge flottant dans l’air et dévorant la tête d’un être humain.

Rapidement, ils se rendent compte que tout le quartier est entouré d’un gigantesque bocal envahi de poissons rouges mangeurs d’hommes. L’autre particularité de ces créatures est qu’elles prononcent aléatoirement des mots, ce qui donne un cachet un peu plus dérangeant à leur présence.

Dès lors la raison n’est plus, et chacun va essayer de sauver sa vie comme il le peut. De ce côté-là nous sommes dans un Survival Horror plutôt classique, avec la reprise des bases habituelles du genre. Certains survivants s’entraideront, tandis que d’autres auront beaucoup moins de scrupules dans leur lutte.

La seule chose qui dénote de ce titre est naturellement sa menace. En dehors du côté grotesque de ces monstres Hiroumi Aoi, dont c’est la première œuvre ici, à totalement compris le fonctionnement de ce genre d’histoire. Les personnages dont l’épreuve va révéler des capacités enfouies en eux, ceux dont la fatalité va freiner les autres survivants. Comme toujours nous aurons une brochette de personnages maintes fois vue.

SHIBUYA KINGYO © Hiroumi Aoi / SQUARE ENIX CO., LTD.

Du point de vue de l’exécution, on pourra regretter un character design plutôt fade, ce qui dénote avec la réalisation des poissons. Elle est plutôt détaillée et suffisamment variée pour ne pas avoir l’impression de toujours voir les mêmes créatures. Pour ce qui est du récit, on regrette certaines facilités d’écriture pour permettre à certains protagonistes de s’échapper d’une situation sans issue. L’apparition de plans un peu coquins nous rappelle également que le titre est pré-publié dans un magazine pour adolescents au Japon.

Si ce premier tome n’apporte pas grand-chose de neuf, le second relève l’intérêt de l’ensemble. On y suivra l’histoire d’un tout autre personnage, au caractère très différent et aux aptitudes physiques très "shônen". Si cela peut déstabiliser au départ, ce n’est pas forcément une mauvaise idée car le récit s’en trouve dynamisé de bien belle manière. On le suit au travers des personnes qu’il croise sur sa route, et ce, jusqu’à la rencontre avec les protagonistes du précédent tome.

Nous trouverons également à la fin de ce second opus, un chapitre spécial donnant un début d’explication au phénomène auquel nous assistons. Difficile de dire si cela est une bonne idée. À travers l’histoire du genre horrifique, l’absence d’explication produit souvent une horreur bien plus totale. Pour autant, et en dépit d’un début assez classique, il n’y a pas de raisons de bouder son plaisir devant cette nouveauté.

Si vous êtes un adepte de ce genre d’histoires, vous serez en terrain connu. Si vous êtes un néophyte, les codes utilisés sont suffisamment simples pour les apprécier en bénéficiant au passage d’une menace principale vraiment originale.

SHIBUYA KINGYO © Hiroumi Aoi / SQUARE ENIX CO., LTD.