Ah, les SDF ! Pauvres rebuts de notre société galopante qui squattent nos trottoirs et agrémentent le dessous de nos ponts. Tels des saisonniers mal-lotis, on parle surtout d’eux en hiver, mais voilà qu’un jeune auteur a décidé de défendre leur précaire condition, en se moquant sans distinction des personnes situées des deux côtés du carton.
Il est rare de voir une bulle orner ainsi une couverture, mais d’entrée, le ton est donné : Le Borgne ose ! Il faut dire que tout le monde en prend pour son grade et comme dans la comédie de Gérard Jugnot [1] le faisait si bien remarquer : qu’on soit ouvrier ou cadre dirigeant, personne n’est ’à l’abri’ de se retrouver du jour au lendemain à la rue.
Dans un style qui lorgnerait doucement vers Reiser, Le Borgne nous fait contempler les conséquences de la mondialisation dans une série de gags et de courts récits qui ont tous les mêmes initiales : Senior Dynamique et Fringuant, Stupide Dépense Futile, Salon Douillet et Feutré, etc.
Sur un sujet controversé, ce jeune auteur nous fait grincer des dents, et en même temps rire à l’aide d’un humour trash, mais aussi drôle que percutant : du grand Fluide !
(par Charles-Louis Detournay)
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