De la vie de Simone Veil (la politicienne, pas la philosophe qui mériterait d’être relue), on connaît les grands traits : sa déportation, son parcours politique, son combat pour les femmes, la loi sur l’avortement, sa présidence à la Communauté Européenne, son élection à l’Académie, etc. D’autant qu’une autre bande dessinée, Simone Veil l’immortelle par Pascal Bresson & Hervé Duphot (Ed . Marabulles) était parue voici deux ans au moment de la panthéonisation de la grande dame.
Il fallait donc l’aborder autrement. Choisir la voix et le regard d’Annick Cojean était une bonne idée : c’est une journaliste d’envergure, bosseuse, au verbe puissant, une des belles figures de la profession.
Restait l’angle « Moi et Simone Veil », au risque d’un propos un peu autocentré, sur le mode « l’homme (la femme) qui a vu l’ours… » C’est là qu’intervient le talent de Xavier Bétaucourt qui a réussi à transposer habilement la relation personnelle de la journaliste à la ministre : comment par le biais de la cause féministe, elle se projette en elle... On la sent autant « fille de Simone Veil » que de sa propre mère. Le ton est celui de la confidence, comme dans le Goscinny de Catel, un peu enjoué, mais sérieux cependant.
On est loin du cénotaphe empesé auquel on aurait pu s’attendre et l’enchâssement des différents niveaux de souvenirs, ceux de Simone Veil et ceux de la journaliste, s’expriment avec une belle efficacité. Le dessin un peu naïf d’Étienne Oburie ne dépare pas l’intention. Cette biographie se laisse lire avec plaisir, comme un article de presse bien écrit, sommaire mais documenté, léger mais juste, empreint de sincérité.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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