Ainsi que nous vous l’avons expliqué dans notre précédent article, le Centre Belge de la Bande Dessinée a fêté ses 30 ans le week-end dernier. Si les visiteurs étaient attendus nombreux les samedi et dimanche pour profiter des multiples animations égayant le Centre pour cet anniversaire, la soirée du vendredi était consacrée aux professionnels du Neuvième Art. Plusieurs centaines de personnes s’étaient réunies (on en aurait compté près de sept cents) : majoritairement des auteurs, mais aussi des amis du Centre, ses employés actuels et passés, des libraires, les équipes éditoriales de différentes maisons d’édition, des attachées de presse, des journalistes, etc.
Les précédentes cérémonies anniversaires du CBBD avaient présenté des bilans passés et les programmes pour les années à venir ; notamment pour les 20 ans et les 25 ans du Centre. Le conseil d’administration a cette fois choisi de laisser de côté les Powerpoints et les tableurs Excel, pour simplement effectuer quelques rappels historiques concernant la plus grande institution belge consacrée à la promotion de la bande dessinée, sans oublier quelques remerciements bien légitimes. Parité linguistique oblige, le français et le néerlandais se sont alternés pour ces hommages. Malheureusement, l’assemblée dissipée n’a prêté qu’une oreille distraite à ces discours, surtout pour ceux exprimés dans la langue de Vogel.
L’administrateur M. Michel Van der Stichele a ouvert le ban des remerciements en rappelant tout d’abord combien le soutien d’Hergé avait joué pour que le CBBD puisse voir le jour. N’est-ce d’ailleurs pas l’un de ses plus proches collaborateurs, Guy Dessicy qui s’était démené pendant des années pour que le projet parvienne à son terme ? M. Van der Stichele a effectivement rappelé les cinq années de travaux préliminaires avant l’ouverture, l’aide déterminante de Bob de Moor le premier assistant d’Hergé, sans manquer de saluer les différents dirigeants qui se sont succédés, dont Michel Leloup, Jean Van Hamme et Jean Auquier.
Puis, ce fut le légitime tour du président du conseil d’administration, l’auteur Ferry, de prendre la parole. En détails, il rappela le parcours hors normes du CBBD : ce bâtiment construit grâce à des techniques d’avant-garde utilisées par Victor Horta pour laisser entrer le soleil. Initialement promis à la destruction à la fermeture des magasins Waucquez, ce joyau architectural fut finalement classé en 1975.
Le président a souligné tout l’optimisme et toutes les volontés qu’il a fallu réunir pour transformer le bâtiment à l’abandon afin qu’il puisse promouvoir la bande dessinée. Enfin, Ferry a mentionné que cette motivation n’avait jamais été autant d’actualité, remerciant ainsi les équipes du Centre qui démontrent un engagement de tous les jours, ne comptant pas leurs heures pour continuer à faire vivre cet amour de la bande dessinée. Une passion qui se transmet d’ailleurs aux visiteurs, car ce sont les recettes directes du CBBD qui le font vivre, contribuant à plus de 85% dans l’actif du bilan financier de l’Association.
Des employés qui ont d’ailleurs pu s’exprimer, à commencer par Mélanie Andrieu, responsable des expositions et entre autres commissaires de la dernière en date, consacrée à Emmanuel Lepage, l’explorateur. Elle n’a pas manqué de remercier l’engagement de ce dernier, jusques et y compris René Follet qui a accompagné Emmanuel Lepage sur ces derniers projets. Quant au réalisateur live de la fresque rendant hommage aux figures titulaires du neuvième art pendant les discours, Frank Pé eut bien entendu droit à de chaleureux remerciements.
Willem De Graeve, directeur faisant fonction du Centre, a quant à lui expliqué à l’assistance que le CBBD comptait bien entendu sur de belles expositions qui se renouvelaient sans cesse, mais qu’il a aussi pu accueillir précédemment des centaines de précédents thématiques, répartis au cours de ces trente dernières années.
Ainsi, deux grands écrans tactiles accueillent maintenant les visiteurs, au rez-de-chaussée de l’imposant bâtiment. Les noms des auteurs et des expositions mis à l’honneur par le Centre défilent dans une noria d’images hypnotiques. Il suffit d’un toucher du doigt pour se lancer dans un voyage dans le passé et découvrir les photos des précédentes expositions, ainsi que des prestigieux auteurs à qui elles étaient consacrées et qui ont posé aux côtés de leurs créations de papier. Certes, les historiens de la bande dessinée rêveraient que leurs contenus soient disponibles dans les archives, mais faire ainsi revivre aux visiteurs les grandes heures de ces trois dernières décennies représente déjà un joli tour de force.
Les discours se sont terminés avec l’un des invités d’honneur de la soirée :Emmanuel Lepage à qui une magnifique exposition est consacrée. Nous y reviendrons prochainement…
« Le Centre Belge de la Bande Dessinée est un musée que je connais depuis longtemps, expliquait Emmanuel Lepage, Et je suis honoré qu’ils aient pensé à moi, pour cette exposition et cette affiche réalisée pour fêter leurs 30 ans. J’ai visité la Belgique sur le tard mais, en m’y rendant, je me suis rendu compte que je la connaissais grâce à la bande dessinée : ses feux, ses avenues, ses trams, tout ce que j’avais découvert dans les albums d’Hergé, de Franquin et des autres. Longtemps, j’ai cru qu’avec mes lectures, je m’étais constitué un pays imaginaire, sans savoir qu’il s’agissait de la Belgique, tout simplement. »
Si la Belgique est terre de bande dessinée, alors le Centre Belge a démontré ces dernières années qu’il demeure le digne représentant pour à la fois valoriser cet héritage, et continuer de faire battre le cœur de Bruxelles au rythme du neuvième art. Une capitale qui va prolonger son ancrage BD avec l’ouverture prochaine de deux projets de nouveaux musées (nous vous en reparlerons). Cela ne fait pas trembler le CBBD qui démontre avec les récentes expositions qu’il dispose d’une équipe forte pour relever les défis des prochaines années. Reste à lui trouver un directeur…
(par Charles-Louis Detournay)
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Photos et propos recueillis : Charles-Louis Detournay.
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