Mélusine est une jeune adolescente palpitante, écorchée et malicieusement intelligente. Cette jeune orpheline se révolte à la fois contre sa famille d’accueil, et les institutions qui l’ont prise en charge. Elle fugue et trouve refuge chez une inconnue. Mélusine, étonnamment mûre et cultivée pour son âge, parvient perfidement à séduire l’inconnue. A son grand dam, car elle va être inquiétée par les autorités...
Le lecteur suit le parcours de Mélusine grâce à une enquêtrice, qui décide de faire la lumière sur le parcours de l’adolescente. Elle remarque avec effroi que l’enfant sème à son passage tourments et accidents. En est-elle la cause ?
La scénariste de la série, Domnok (qui est l’épouse du dessinateur) nous offre une version moderne du mythe de Mélusine, tout en établissant subtilement quelques liens avec l’allégorie moyenâgeuse.
A cette époque, Mélusine était une nymphe possédée par l’esprit du Malin. Elle connaissait fort bien la sorcellerie et participait à ses rites. Il s’ensuivit une superstition voulant qu’elle fût serpente tous les samedis. C’était le prix payé à Belzébuth pour qu’il l’aidât à trouver un époux...
La personnalité sournoise de la « Mélusine contemporaine » est fortement calquée sur son « double » issu du passé... Mais est-ce réellement un double ? Ou est-ce la même personne ? Domnok laisse planer le doute...
Le style graphique de Pierre Wachs est résolument plus pictural que dans ses précédentes collaborations (Marie Tempête, avec Patrick Cothias ou Poème Rouge avec Joëlle Savey).
Même si ses personnages manquent parfois de rondeur, il parvient à leur donner une âme et une dynamique qui leur sont propres. L’auteur donne beaucoup de poésie à ses planches grâce à l’utilisation de la technique de la couleur directe. Son trait se révèle plus délié que celui qu’il a endossé dans le Triangle Secret (Pierre Wachs a dessiné les planches qui se déroulent au Vatican).
Un récit ésotérique remarquablement intriguant et sensiblement inclassable. Espérons que le couple Wachs & Domnok continuera à collaborer ensemble... Ils nous offrent soixante-quatre planches de pur bonheur !
(par Nicolas Anspach)
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