Spider-Gwen 1 | Ennemie publique ? - Par Jason Latour & Robbi Rodriguez – Panini Comics

Commençons tout d’abord par une mauvaise nouvelle : Gwen Stacy est morte. Chers lectrices et lecteurs, s’il-vous-plaît, ne saisissez pas les objets contondants à votre portée pour punir votre serviteur à cause de cette abrupte révélation : l’information date quand même des années 1970 !

Gwen Stacy est une figure très chère aux amateurs de longue date de l’univers de Spider-Man : elle a été le premier véritable amour qu’a connu le personnage et sa mort accidentelle lors d’une confrontation avec le Bouffon vert a été l’une des premières disparitions majeures dans les Comics grand public. Contrairement à Jean Grey des X-Men qui a elle aussi disparu à son tour quelques années plus tard, Gwen Stacy n’est jamais revenue d’entre les morts...

Chacune de ses apparitions ou de ses évocations est donc très scrutée ou attendue par les amateurs. Que ce soit dans des réalités alternatives (comme lors du crossover House of M [2005] où elle a fondé une famille avec Peter) ou au cinéma (où elle est notamment interprétée par l’actrice Emma Stone), le personnage fait beaucoup réagir à chacun de ses emplois. Près de quatre décennies après sa mort, ça se bastonne encore comme à Chicago parmi les aficionados pour savoir qui de Gwen ou de Mary-Jane est le véritable amour d’une vie de Peter ! [1]

À la fin de l’année 2014, Dan Slott, le scénariste principal de l’univers de Spider-Man ces dernières années, a organisé un crossover où beaucoup d’itérations de Spider-Man venues de réalités différentes se rencontraient pour combattre une terrible menace commune. À cette occasion, il laisse le soin au scénariste Jason Latour et au dessinateur Robbi Rodriguez d’introduire un personnage particulier dont il a eu l’idée : une jeune Gwen Stacy d’une réalité alternative qui serait devenue l’héroïne de sa réalité à la place de Peter Parker !

Spider-Gwen peut gérer aisément le menu fretin des sombres allées de New York.

© Marvel

Le succès de l’épisode introduisant Spider-Gwen est fulgurant aux États-Unis, obligeant Marvel à réimprimer plusieurs fois l’ouvrage. Face à l’engouement commercial autour du personnage, il n’en fallait pas plus pour que la Maison des Idées commande à Latour et Rodriguez une nouvelle série dédiée à la nouvelle héroïne... Ce sont donc les épisodes publiés d’avril à août 2015 aux États-Unis que nous retrouvons dans ce premier album.

Verdict ? Globalement, c’est du bon travail. La lecture de ce premier album arrive à être plaisante et à créer un univers que l’on a envie de revoir. Après, poids de l’héritage de Spider-Man oblige, les événements narrés dans cet album ne seront pas des plus innovants et l’usage particulier des personnages jouera prioritairement sur la comparaison avec les stéréotypes traditionnels que l’on a d’eux plutôt que de créer des figures de qualité ex nihilo.

L’album démarre aussi avec un impair peu compréhensible : l’épisode introduisant Spider-Gwen étant lié à une autre série, la nouvelle démarre comme si les lecteurs avaient déjà lu ce fameux épisode et se contente du simple résumé d’une page. C’est très frustrant pour les nouveaux lecteurs, d’autant plus qu’il y avait apparemment de quoi lire...

Mais bon, passé ce moment désagréable, l’histoire présentée fait rapidement son effet. Gwen est ici une jeune femme qui utilise ses pouvoirs pour deux objectifs diamétralement opposés : réussir comme batteur dans son groupe de rock, les Mary-Janes (dont la leader n’est autre qu’une tête rousse très connue des lecteurs), et traquer la criminalité de la ville selon les principes que lui a inculqués son père, le commandant de police George Stacy. Bien évidemment, il sera bien difficile pour Gwen de concilier les deux et de conserver son identité secrète !

C’est donc à un récit d’initiation que l’on a affaire, Gwen tachant de devenir la meilleure héroïne possible sans mentor et de s’affirmer dans un monde où les attentes pèsent sur ses épaules (son père ou ses amies). Creusant du côté du passage de l’enfance vers la maturité comme pourrait le faire par ailleurs la série Ms. Marvel de G. Willow Wilson actuellement, la série parvient à séduire et confirme la bonne santé du moment du côté de l’éditeur Marvel dans ce registre. Jason Latour propose avec ce départ de série une base convaincante.

Pas de chance pour Gwen, le Matt Murdock de sa réalité n’a pas pris le droit chemin...

© Marvel

L’autre avantage de la série est indéniablement son usage très particulier, voire alternatif, des personnages connus de l’univers Marvel situés à New York. Ainsi, on retrouve un étonnant et succulent Matt Mardock (Daredevil) en avocat véreux et meurtrier de la pègre, un Ben Grimm (la Chose des Quatre Fantastiques) non transformé et en simple officier de police d’un quartier difficile, mais aussi un Franck Castle (le Punisher) aux méthodes expéditives dans les rangs de la police que l’on a hâte d’encore plus voir en action ! Un casting très dense qui donne de l’intérêt à l’album.

Afin de terminer ce tour d’horizon de ce premier album qui nous a convaincu d’attendre sa suite, nous ne pouvons que souligner le très joli travail de Robbi Rodriguez aux dessins, avec un style très dynamique qui sied bien au caractère « adulescent » de la série. Et puis, quel beau character-design que le costume de Spider-Gwen !

Un album que nous conseillons aux amateurs de l’univers de Spider-Man, mais aussi à celles et ceux qui recherchent de nouveaux personnages proches de leurs préoccupations de jeunes personnes.