Spider-Man : La Dernière chasse de Kraven – Par J.M. DeMatteis & Mike Zeck – Panini Comics

Sergei Kravinoff, issu d’une famille noble russe, a connu un destin brutal aux États-Unis après la révolution de 1917 : il y connaît la misère et voit sa mère sombrer dans la démence avant de se suicider. Préférant quitter son père qui se remaria peu après, Sergei a roulé sa bosse sur les autres continents, trouvant dans les forêts vierges le refuge à un monde moderne qui le répugne. Peu à peu, sous l’effet de potions prodiguées par un chaman d’Afrique, Sergei a laissé place à Kraven le chasseur, un personnage surhumain qui prend vie dans la fougue de combats contre des adversaires de valeur.

Depuis longtemps, la route de Kraven a croisé au cœur de New-York celle de Spider-Man : comment l’homme-araignée a-t-il pu si souvent le battre et le ridiculiser ? La question obsède Kraven, qui sait que le temps fait son œuvre : les potions n’empêcheront pas le vieux Sergei de mourir, à son tour. Avant de quitter ce monde, Kraven monte un dernier plan, un plan qui lui permettra de prouver sa supériorité absolue sur l’araignée.

Le scénariste J.M. DeMatteis nous propose avec cet album un récit très sombre teinté de mysticisme, qui s’inscrit dans la veine d’une dynamique scénaristique majeure des années 1980. En effet, Spider-Man va ici être très vite malmené par son ennemi, qui ne manquera pas d’être pragmatique : pourquoi s’ennuyer à emmener son ennemi dans son repaire afin de lui expliquer durant des heures entières son plan alors qu’une flèche hypodermique et une balle d’un fusil de chasse peuvent suffire ? Sans crier gare, une tombe fraîchement creusée attend notre héros...

Kraven voit en grand quand il s’agit de comprendre de façon intime l’homme-araignée !

© Marvel

La Dernière chasse de Kraven est un récit surprenant où le vilain essaye, à sa manière, de comprendre le rôle de l’homme-araignée, où le héros essaye désespérément de se raccrocher à la vie, mais il s’agit aussi d’une intrigue triangulaire avec le super-vilain Vermine. Pauvre victime d’une expérience ratée du baron Zémo, Vermine conjugue l’allure d’un homme et celle d’un rat. Il peut aussi communiquer avec ces derniers et leur donner des ordres depuis les égouts où il se terre. Instable mentalement, Vermine ne distingue plus le bien du mal et abhorre ceux d’en-haut qui vivent sous la lumière… Un autre animal incarné, cette fois-ci au parcours criminel, qui donnera carte blanche à Kraven pour assouvir sa nouvelle obsession, mais qui placera aussi sur la route de Spider-Man une nouvelle épreuve pour faire ressortir de lui une forme de justice empreinte d’humanisme.

La Dernière chasse de Kraven a aussi la bonne idée de surligner le fort lien qui existe entre Peter et Mary-Jane, ces deux personnages étant à l’époque alors de jeunes mariés. La crainte de l’un et de l’autre de voir disparaître l’être aimé ou de ne plus le revoir nourrit une énergie commune au service de leur alchimie.

Au-delà de l’intérêt évident d’une telle lecture patrimoniale pour tous les Aficionados de Spider-Man, ce récit a des qualités narratives et graphiques (les très belles planches du dessinateur Mike Zeck) qui sauront convaincre une large partie des lecteurs, intéressés ou non par le genre.