Spider-Man | Ville en guerre – Par Dennis Hallum & Michele Bandini – Panini Comics

En septembre 2018 sortait en exclusivité sur la console Playstation 4 un nouveau jeu-vidéo Spider-Man. Développé par Insomniac Games, il avait globalement su plaire à la critique, et avait bien rencontré son public en terme de ventes. Un succès qui ne laissa pas insensible l’éditeur Marvel, qui a sans doute vu là une nouvelle poule aux œufs d’or...

C’est ainsi que naquit l’idée du "Gamerverse", une future collection de titres qui surferait sur les succès à venir des jeux-vidéo adaptés de leurs licences, comme ledit Spider-Man. La tâche a donc été confiée au scénariste Dennis "Hopeless" Hallum et au dessinateur Michele Bandini de créer une mini-série à partir de ce titre vidéoludique à succès.

L’intrigue de l’album reprend trait pour trait celle du jeu-vidéo : Peter Parker a 23 ans, il a enfilé le masque de son alter égo pour la première fois huit ans plus tôt, et il a toujours autant de mal à concilier sa vie de jeune adulte avec celle de l’homme araignée. Comme cet univers n’est pas celui d’origine du personnage, quelques modifications sont à prévoir par rapport au canon des comics : Peter travaille comme assistant pour le professeur Otto Octavius, et il vit dans la même ville qu’un certain Miles Morales...

Après avoir réussi à coffrer le Caïd suite à des années d’efforts, Spider-Man pense enfin être tranquille un bout de temps. Mais le Caïd le prévient : sans lui pour tenir la maison, sa vie va devenir un enfer. Et alors qu’il croyait à un dernier bluff de son adversaire, notre héros verra bien vite que le parrain de la pègre avait raison...

Une bonne idée de l’intrigue : mettre souvent Mary-Jane dans le feu de l’action.

© Marvel

Nous ne pouvons malheureusement qu’être déçus par cet album, qui n’apportera rien de neuf à qui a déjà joué jeu-vidéo en question, et qui n’offre pas non plus d’intérêt en tant que comics tant le propos est expéditif.

Le scénario est un copié-collé presque littéral de l’intrigue du jeu-vidéo. On pouvait s’attendre à le voir se densifier, ou les personnages à être davantage développés, mais ce n’est pas le cas. À part quelques pages de développement supplémentaire offertes aux personnages de Mary-Jane, journaliste dans cet univers, et de Miles Morales, nous sommes bien loin de nos espérances.

Ensuite, en tant que bande dessinée, cet album manque son objectif car tout apparaît comme expédié, l’intrigue comme les personnages. Autant sur une dizaine d’heure de jeu-vidéo, cette histoire apparait chargée et réussie grâce aux apports de scénaristes comme Christos Gage ou de Dan Slott, autant ici l’intégralité du scénario originel semble avoir été rentrée au chausse-pied en quelques dizaines de pages, et on a la désagréable impression de tout voir se succéder à un rythme trop précipité. Le caractère épique de certaines séquences ou l’écriture intéressante de quelques personnages passent ainsi à l’as dans cette adaptation.

Mis à part les efficaces planches proposées par Michele Bandini, cet album est décevant, particulièrement pour son rythme effréné qui ne laisse le temps ni à l’intrigue, ni aux personnages d’être développés.

Pour un ouvrage marquant le début d’une collection originale chez Marvel, le coche est loupé, et on espère que la maison d’édition parviendra à rectifier le tir pour ses prochains titres.

En revanche, cette lecture ne doit pas vous décourager d’investir dans l’excellent matériau d’origine, le jeu-vidéo Spider-Man d’Insomniac Games reste très bon et parviendra sans peine à plaire aux aficionados des aventures de l’Homme-araignée.