Il y eut, comme souvent dans l’exploitation des super-héros, des dizaines de dessinateurs qui prirent en charge les aventures du tisseur de toile pendant les cinq décennies de son existence. Nous en retiendrons trois qui, pour des raisons diverses, ont marqué son existence. Libre à nos lecteurs de signaler les autres grands animateurs de Spidey.
John Romita Senior. Doté d’une solide expérience dans les comics sentimentaux qui connurent un véritable âge d’or dans les années 1950-1960, Romita Sr fit ses armes en encrant le solide dessin de Jack Kirby et fut amené à reprendre la série juste après Ditko. il s’appliqua à lui rester fidèle pendant quelques numéros mais très vite, il déploya son talent dans l’animation de personnages féminins, en particulier l’inoubliable Mary Jane, la petite amie de Peter Parker, grâce à laquelle il s’employa à creuser le caractère sentimental du jeune arachnide, jusqu’ici confronté à une pléiade de super-vilains aux profils un peu répétitifs. Ce coup de neuf relança complètement l’intérêt du public pour la série. Le propre fils de John Romita Sr, John Romita Junior assura plus tard le dessin de la série, conquérant à son tour le cœur des fans.
- Gil Kane. Succédant à John Romita Sr au début des années 1970, ce dessinateur au trait souple et séduisant a marqué l’histoire de Spider-Man et de la même façon celle du comic book en proposant en 1971 trois épisodes (The Amazing Spider-Man #96 à #98) bravant un interdit majeur imposé par le Comics Code Authority, cette commission de censure éditoriale qui garantissait la moralité des BD vis-à-vis des pouvoirs publics : la représentation de la drogue dans une BD.
Les auteurs avaient des arguments à faire valoir : ces histoires étaient basées sur les actions de prévention anti-drogue initiées par le gouvernement de l’époque. En conséquence de quoi, pour la première fois depuis 1954, un éditeur s’abstint de faire apparaître le fameux timbre du CCA sur une de ses publications. L’accueil du public fut triomphal : les ventes de Spider-Man s’envolèrent aussitôt.
Cet épisode marque donc un tournant dans l’histoire de l’industrie car les éditeurs commencèrent à résister aux oukases du CCA, jusqu’à l’abandonner ces dernières années.
Il conforte une ouverture à un certain nombre de thématiques qui étaient soigneusement écartées jusqu’ici : les questions raciales et/ou politiques, de même que certaines revendications sociétales comme l’homosexualité par exemple.
Todd McFarlane. Le flamboyant dessinateur canadien a marqué l’histoire de Spider-Man en lui conférant un je-ne-sais-quoi de plus arachnéen que ses prédécesseurs, en particulier dans les épisodes qu’il dessina et scénarisa lui même. Impulsant une atmosphère morbide et crépusculaire qu’il développera plus tard dans Spawn, il reste celui qui réussit à porter les ventes de l’Homme-araignée à des tirages atteignant jusqu’à 2,5 millions d’exemplaires par numéro. Même si ce succès est pour partie lié à une spéculation qui a complètement déstabilisé l’industrie du comics dans les années 1990, elles constituent un sommet inégalé à ce jour.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Toutes les illustrations sont (c) Marvel Comics
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