En suivant la pulpeuse Courtney Balconi partie pour un reportage sur l’exploitation du gaz de Shit, Spoon revient à MudTown, une ville perdue au fin fond du Kentucky où sa famille s’est installée et où il a grandi. Bien que les retrouvailles entre le père et le fils ne soient pas exactement placées sous le signe de la convivialité ou de l’émotion, Spoon croit que Balconi est venue pour demander sa main à son père. Toujours aussi naïf et incontrôlable (rappelons que cet incorruptible ne peut se séparer de Goofy, sa peluche...) notre héros va se retrouver au cœur d’une aventure aussi trépidante que déjantée !
À partir de cette méprise, il en fait beaucoup trop et chamboule malgré lui les installations de l’industrie gazière aux mains de dirigeants véreux et corrompus. Au passage, il contrarie sévèrement le projet éditorial de sa dulcinée. Bien entendu, White son acolyte des précédents épisodes est de la partie, les deux plus mauvais flics de la NYPD provoqueront, souvent malgré eux, une avalanche de cascades et rebondissements en tout genre. Une recette déjà bien rodée.
Après avoir fait les beaux jours du journal de Spirou, puis publiées chez Vents d’Ouest, les aventures des deux agents un peu trop spéciaux tombent dans l’escarcelle des éditions Bamboo avec ce neuvième album. Intitulé Road’n’Trip
Le récit reste fidèle à l’esprit initial de la série. Les deux acolytes n’en finissent pas, comme d’habitude, de se jeter des bâtons dans les roues. Spoon, le petit teigneux au QI limité, tire sur tout ce qui bouge, toujours monté sur 100 000 volts ; seul Goofy son doudou préféré semble lui apporter calme et volupté ! White, le grand n’est guère plus malin : bête comme ses pieds, il n’est pas en reste en matière de gaffes et d’embrouilles. Dans leur combat acharné contre le crime, ce duo improbable croise la belle journaliste Courtney Balconi. Mais dans ce domaine là non plus, les deux flics ne s’avèrent guère plus doués.
Pas de surprise dans cette série humoristique créée il y a près de vingt ans et désormais pilotée par le couple Léturgie, père et fils. Le premier, fort d’une longue expérience dans le scénario (Percevan, Lucky Luke, Ran Tan Plan...) tandis que le second a repris le dessin des Profs (Ed. Bamboo) après s’être fait connaître par la série Polstar chez Vent d’Ouest. Illustrées par de nombreuses et spectaculaires scènes de cascade ou de bagarres en référence aux standards du film d’action, les aventures de ces deux imbéciles enchaînent les catastrophes sur rythme effréné. Gags et situations absurdes, humour grinçant et parodies des séries TV sont au rendez-vous à chaque page.
La recette semble fonctionner depuis plusieurs années avec succès en dépit du peu de renouvellement. Le dessin de Simon Léturgie demeure toujours aussi maîtrisé et totalement adapté à ce type d’histoire. La réalisation de l’album est soignée, l’incontournable cahier graphique réservé à la première édition figure en fin d’album. À cette occasion, l’éditeur a choisi de republier Requiems pour Dingos . Un premier récit où le duo devait faire face à une prise d’otages sur fond d’emprise de la mystérieuse secte Azum !
Rien n’est donc laissé au hasard pour assurer la réussite du « transfert » chez son nouvel éditeur de ce couple d’anti-héros déjantés !
(par Patrice Gentilhomme)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion