Un commissaire politique zélé, un opposant passé par un camp de rééducation, un cinéaste médiocre et aigri... Tous ensemble pour filmer la glorieuse armée soviétique en action. Une commande venue d’en haut pour remonter le moral des troupes et glorifier l’excellence militaire de l’URSS. Mais les tensions, outre la menace allemande, font vaciller le cortège. Règlements de compte imminents, impératifs de tournage plus que délicats : l’affaire s’annonce ardue. D’autant que l’armée germanique est entrée dans Stalingrad et que notre petite troupe doit réellement se défendre, sans oublier d’alimenter ces précieuses bobines promises à la hiérarchie...
Voilà une histoire parfaitement crédible qui aurait bien pu se dérouler dans la réalité. La propagande, dans ces années-là, a bel et bien été utilisée par tous, Américains, soviétiques, Allemands, État français collaborateur... En faire un album (premier des deux volumes présentés ici) est une très bonne idée. Souvent proche d’un huis-clos, Stalingrad Khronika illustre bien les paradoxes de l’URSS, avec d’un côté la guerre qui fait rage, avec un territoire à défendre, et les impératifs idéologiques.
Si les dialogues sont un tantinet bavards, l’album pétille de dynamisme et d’esprit loufoque, avec une mise en scène élégante et aérée. Le travail de Bourgeron, à l’aise avec les personnages orientaux, colle fort bien à l’ambiance ironique développée par Ricard. Et pour ne rien gâcher, le tome 1 se clôt sur un véritable suspense...
(par David TAUGIS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.