Coincés dans un bâtiment en ruines, l’équipe de cinéma censée honorer le grand leader du communisme se retrouve entre deux feux. L’armée russe est toute proche, tandis que les allemands rôdent. On se guette, on se surveille, et bien plus que le gain du combat, c’est la survie qui obsède chacun. Et quand les soldats soviétiques capturent nos cinéastes au rabais, le soupçon s’installe immédiatement : espions ennemis ? taupes de Beria, le chef de la police secrète ? Un véritable jeu d’échecs se met en place entre compatriotes rongés par le doute. Un jeu de dupe plein de rebondissements qui finira en carnage.
Alors que la première partie jouait surtout la carte de la dérision et de l’absurde, ce second volume évolue vers un drame cynique. Dans une mise en image encore plus théâtrale (et des couleurs fines et sobres de Claire Champion), Ricard et Bourgeron nous rappellent la sauvagerie des armées sous le joug d’une dictature. L’absence de contour de cases permet d’éclairer les scènes, comme des projecteurs constamment rivés sur l’objectif et l’action. Le Graal en jeu dans cette histoire, une bobine de film, recèle toute la noirceur sarcastique de l’intrigue : l’outrage qui a été immortalisé sur la pellicule contient la puissance nocive d’une bombe. Et la conclusion d’enfoncer le clou : ceux qui s’en sortent ne sont pas les plus vaillants, mais les plus malins.
(par David TAUGIS)
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