Vador : Abattu est l’occasion de réunir les intrigues de deux séries : Star Wars de Jason Aaron (qui raconte les aventures de Leia, Han et Luke entre les épisodes IV et V) et Dark Vador de Kieron Gillen et Salvador Larocca (qui raconte le périple du seigneur Sith sur la même période chronologique). Les deux séries prenant place dans le même univers et sur le même plan temporel, des passerelles évidentes s’offraient aux scénaristes pour cristalliser cette rencontre ; d’autant plus qu’il n’était pas rare depuis leurs débuts respectifs que l’une et l’autre de ces séries évoque dans son propos l’intrigue de son homologue.
C’est donc sans surprise que les lecteurs de ces séries retrouveront la situation telle qu’elle a été laissée ces derniers temps : Luke a retrouvé le journal du vieux Obi-Wan Kenobi et s’est mis à la recherche d’un temple Jedi bien particulier, tandis que Vador recherche à travers la galaxie son fils jusqu’alors disparu pour l’amener au côté obscur de la Force et prendre ensemble la tête de l’Empire à Palpatine.
Pas de chance pour Vador, l’Empereur a aussi ses plans : après la destruction de l’Étoile noire et une nouvelle perturbation dans la Force, celui-ci a de moins en moins confiance en Vador et lui cherche un remplaçant plus docile. Vador va donc devoir survivre à l’ambition de ces prétendants, notamment le machiavélique Karbin (un personnage qui ressemble à un mélange entre l’amiral rebelle Ackbar et le général séparatiste Grievous). Ce dernier a réussi à tromper l’entourage de Vador et l’envoyer sur une planète où il pourrait retrouver le garçon qui a détruit l’Étoile noire... sans qu’il soit conscient que trois bataillons de chasseurs X-Wing rebelles protègent cet endroit !
Les lecteurs réguliers se retrouveront en terrain connu, mais que les nouveaux lecteurs ne craignent pas d’être mis sur le bord de la route : la seule connaissance des personnages clés de l’univers Star Wars suffit pour apprécier le propos de cet album.
Un bon album par ailleurs, tant le cahier des charges a été suivi et surtout, dépassé pour proposer beaucoup de choses aux lecteurs. Ainsi, Jason Aaron et Kieron Gillen offrent quelque chose qui n’aurait peut-être pas été de soi entre d’autres mains : les héros rebelles et Dark Vador sont traités équitablement, comme si la qualité de personnages principaux était partagée entre eux.
Ainsi, dans cette course-poursuite où les rebelles veulent le scalp de Vador et ce dernier retrouver son fils, le lecteur ne voit pas vers quels acteurs va peser la balance, si ce n’est peut-être lors de la conclusion de l’album, ce qui permet d’offrir aux lecteurs une lecture qui ne se ressent pas comme prévisible.
Le traitement des divers personnages est aussi très bon : au delà de la qualité notable du développement réalisé autour de la princesse Leia et de son désir de venger coûte-que-coûte sa planète Aldorande, ce sont surtout Dark Vador et son équipe qui ont brillé de mille feux à nos yeux. Si les capacités surhumaines du seigneur Sith font le spectacle, les péripéties de son équipe (sorte de négatif de celle de Luke où l’on retrouve des droïdes tueurs et une archéologue compétente mais épouvantée par son pouvoir) sont très amusantes et tiennent en haleine, alors qu’il s’agit pourtant de personnages créés pour la série Dark Vador. Un beau tour de force.
Des personnages bien traités, beaucoup d’action, un scénario qui ne se révèle pas prévisible passées les premières pages, des planches très jolies réalisées par Mike Deodato Jr et Salvador Larroca... Vous l’aurez compris, cet album nous a fait une très belle impression. Nous vous recommandons donc la lecture de Vador : Abattu, un album qui nous rassure sur la qualité d’ensemble de l’univers Star Wars tel qu’il est traité actuellement par Marvel.
(par Romuald LEFEBVRE)
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Star Wars | Vador : Abattu. Par Jason Aaron, Kieron Gillen (scénario), Mike Deodato Jr & Salvador Larroca (dessins). Traduction de Thomas Davier, Makma/Mathieu Auverdin. Panini Comics, collection 100% Star Wars. Sortie le 7 septembre 2016. 144 pages. 14,95 euros.
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