"La bande dessinée croate, Kesaco ?" diront certains. Pourtant, cette jeune nation issue de la Yougoslavie a quelques belles signatures à son actif. En premier lieu, Danijel Zezelj dont les joyaux en noir et blanc illuminent le catalogue de l’impeccable maison Mosquito (Industriel, Rêve de béton, Le Rythme du cœur, Congo Bill, La Mort dans les Yeux...).
Récemment, il a réalisé avec Jean-Pierre Dionnet l’un des plus remarquables épisodes de sa série Des Dieux et des Hommes.
Zezelj habite désormais Brooklyn (New York) avec sa charmante épouse et fait aux USA une carrière exceptionnelle d’illustrateur.
Grâce au travail de Mosquito -dont la cohérence du catalogue le place en bonne compagnie aux côtés de Sergio Toppi et Dino Battaglia, ces grands maîtres transalpins du noir et du blanc, nous découvrons année après année le travail d’un grand dessinateur aux accents tragiques qui fait fichtrement penser à un autre grand du crayon de pénombre : Alberto Breccia.
Il nous a fait le plaisir de rejoindre, le temps d’un weekend et d’une performance de Live Painting (en compagnie de Jessica Lurie, Brandon Seabrook et Benjamin Sanz), la manifestation organisée par Ferraille Productions avec l’aide de l’Institut Français de Zagreb qui, avec le Ministère croate de la culture et avec La Rotonde de Stalingrad, dans le cadre de la manifestation Croatie la voici, finance la manifestation.
Bientôt une interview de Zezelj dans nos pages.
Raphaël Barban et sa dynamique équipe ferrailleuse ne se contente pas de ce premier coup d’éclat.
Un autre auteur croate de grand talent, Frano Petruşa, dont l’album Les Toits de Mostar vient de paraître chez Dargaud, déployait son double mètre dans les couloirs de la Rotonde de la Place de la Bataille dans le quartier de Stalingrad.
Cet album se situe juste avant la guerre de Yougoslavie et témoigne de la douce harmonie qui régnait dans un ville peuplée de catholiques, d’orthodoxes et de musulmans.
Il est dans la droite ligne de son précédent opus, Guerre et Match, qui n’est pas autobiographique, mais qui parle d’un coach de basket aujourd’hui décédé qu’a bien connu l’auteur et qui lui a rapporté cette histoire vécue en pleine guerre. Nous reviendrons prochainement sur son travail.
Étonnante technique que celle de Petruşa, un dessin coloré, sensible et ébloui, d’abord exécuté au lavis, puis rehaussé à l’ordinateur avec un effet d’aquarelle et de gouache à l’ancienne, dont les couleurs lumineuses évoquent les bords de l’Adriatique et ces paysages yougoslaves tourmentés qui rendent fous. Un jeune talent à suivre de près, assurément.
Parmi les autres invités, la plasticienne Dunja Jankovic et le dessinateur Igor Hofbauer (Firma, chez Turbo Comix) qui nous ont gratifiés hier d’une jolie performance musicale, mais aussi Miroslav Sekulic (dont un album est à paraître en 2013 chez Actes Sud) réalisant des fresques en direct, Bruno Tolic et la bande de Turbo Comix, et quelques autres, dont Dionnet, venu soutenir Zezelj.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Jusque ce soir, à la Rotonde Place Stalingrad, Palce de la Bataille, Paris 19e, Métro Jaurès.
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
En médaillon : Dessin de Bruno Tolic.
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