Albums

Succubes, tomes 2, 3 et 4 - Par Mosdi, Dominici, Acciarino & De Vincentiis - Soleil

Par Charles-Louis Detournay le 26 mai 2014                      Lien  
Profitons de la parution du quatrième tome de cette série des {Secrets du Vatican} pour revenir en détail sur cet ensemble de one-shots historiques, qui met en scène des femmes décidées à mener la vie dure aux hommes. Cela ne vous rappelle rien?

Succubes, tomes 2, 3 et 4 - Par Mosdi, Dominici, Acciarino & De Vincentiis - SoleilUne seule trame, presque légendaire. Un seul scénariste, et un dessinateur différent pour chaque one-shot. Une religion constituée uniquement de femmes, décidées à combattre le mal.

À la différence de La Geste des Chevaliers-dragons qui paraissent chez le même éditeur, Succubes ne présente pas un monde d’Heroïc Fantasy où de jeunes vierges combattent des dragons. Ici, le mal est représenté par les hommes. Oh, pas tous les hommes, mais en priorité, ceux qui empêchent les "Filles de Lilith" [1] de prendre la place qui était la leur aux origines, à l’égal de l’homme.

Après la mystérieuse série des Passants du clair de lune, Mosdi & Paturaud proposaient avec le premier tome de Succubes une relecture de la Terreur et de la fin tragique de l’austère Robespierre, dans les coulisses du pouvoir de la Révolution française. On comprend alors que depuis la nuit des temps, cette secte de femmes influence secrètement le cours de l’Histoire de l’humanité.

Au coeur du harem de Soliman le Magnifique, les complots prennent des atours bien étranges

Si le deuxième one-shot proposait de plonger au cœur du harem de Soliman le magnifique et était servi par le somptueux trait d’Adriano De Vincentiis (Sophia, on eut l’impression que le soufflé retombait après la prometteuse précédente introduction. Trop occupé à réussir ses modèles féminins, le dessinateur restait souvent trop collés à ses personnages, tandis que le scénario de Thomas Mosdi ne donnait aucun élément complémentaire sur la secte elle-même, et prodiguait tout aussi chichement des informations sur le quotidien du grand sultan. Par ailleurs, la personnalité de deux héroïnes qui se partageaient l’affiche apparaissait davantage physique que psychologique...


Heureusement, le bilan fut mieux contrasté dans le tome 3 dessiné par Acciarino. On revint effectivement à la création des "Filles de Lilith" avec la première d’entre elle, la reine d’Ur, torturée et laissée pour morte après qu’un traître ait livré sa ville, son peuple et son époux se retrouvant aux mains de ses ennemis. Le destin de cette femme au caractère trempé mais également doté de fragilité emporte le lecteur dans une passionnante immersion dans un pan méconu de l’Histoire. Dessinateur et scénariste sont alors à l’unisson pour redonner espoir au lecteur.

Le tome 4 qui vient de paraître prolonge ce regain d’énergie. Avec Messaline, il revient en détails sur le destin de la "putain impériale", mariée dès son plus jeune âge à l’empereur romain Claude. En 48 après J. -C., on assiste médusé aux intrigues de Messaline qui se signale par sa fureur de vivre, son appétit sexuel insatiable, son goût pour le pouvoir et le luxe. Cet esprit libre fait également preuve d’un tempérament cruel et manipulateur. C’est donc avec un épicé mélange de sensualité et de frayeur que l’on dévore les pages de cette belle évocation.

Certes, les couleurs de Martinez ne mettent pas toujours bien en avant le travail de Dominici, mais tout cela ne parvient à casser la passion ressentie à la lecture de ses heures sombres de l’empire romain. Entre les personnages historiques, les trahisons, les empoisonnements, les unions et complots, chaque page apporte son lot de surprises, avec un final, certes connu, mais presque émouvant et marqué d’empathie pour ce personnage qui semblait dépourvue de sentiments.

Malgré des couleurs très plaquées, le souffle historique de ce destin diabolique passionne de bout en bout

Il reste à espérer que Mosdi trouvera d’autres femmes historiques à évoquer, d’autres coulisses à mettre en scène et d’autres dessinateurs (parfois plus inspirés) pour les réaliser car Succubes détient désormais toutes les qualités nécessaires pour rassembler lecteurs et lectrices, les premiers pour les sculpturales créatures présentées, les secondes pour la place restituée aux femmes dans les mythes collectifs de l’Histoire.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

De Succubes, commander
- Le T1 chez Amazon ou via la FNAC
- Le T2 chez Amazon ou via la FNAC
- Le T3 chez Amazon ou via la FNAC
- Le T4 chez Amazon ou via la FNAC

Lire la chronique du premier tome de Succubes

[1En terme de mythologie, Lilith est considérée comme la première femme d’Adam, mais serait vraisemblablement une des premières démones, remplie de contradictions.

 
Participez à la discussion
8 Messages :
  • Ca m’étonnerait que ces héroïnes de l’histoire aient un tour de poitrine 100 bonnet D .Vous n’avez rien compris : les filles en ont marre de devoir s’identifier avec ça.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Guerlain le 26 mai 2014 à  13:05 :

      le lecteur de base n’a pas non plus le physique musculeux des héros typiques de la bande dessinée, sans que cela les offusque :o)
      Mais blague à part, le "fan service" (parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, il ne faut pas se voiler la face) ne fait que flatter le lecteur masculin et n’aide pas à donner une image "moderne" de la bande dessinée.

      Répondre à ce message

    • Répondu par Fred le 26 mai 2014 à  13:20 :

      Marie-Antoinette faisait 100 ou 110 de tour de poitrine (authentique). Là, visuellement, c’est vrai que c’est ridicule, mais la fille dans la page présentée ne fait qu’un joli 90 ou 95.

      Répondre à ce message

      • Répondu par justine le 26 mai 2014 à  14:00 :

        On voit que vous travailler dans un magasin de lingerie.
        Sans blague, ce type de dessin c’est vraiment pour les mecs qui ont envie de reluquer et je trouve que la bd aujourd’hui mérite mieux que ces dessins très bien dessinés mais ringards.

        Répondre à ce message

        • Répondu par Polo le 26 mai 2014 à  15:31 :

          La bande dessinée, art pour puceaux ?

          Répondre à ce message

        • Répondu par Guerlain le 27 mai 2014 à  08:58 :

          cela dit, bien dessiné, ça se discute aussi. Il y a de la poudre aux yeux mais aussi beacoup de raideur, de compo maladroite et une anatomie parfois hésitatnte. La dernière page, dans le genre, fait illusion lorsqu’on la regarde un peu vite, mais si vous prenez le temps de la regarder plus en détail, elle est plus que moyenne (et je passe sur la première case qui me fait beaucoup rire tellement elle est racoleuse o))

          Répondre à ce message

  • "les secondes pour la place restituée aux femmes dans les mythes collectifs de l’Histoire."

    Ah ouais, sous la forme d’une "secte de femmes [qui]influence secrètement le cours de l’Histoire de l’humanité." Hyper crédible.
    Pis c’est vrai que les grands Hommes de l’histoire sont toujours représentés, connus et admirés pour leurs charmes...

    Bref, le lectorat féminin passera son tour. De toute façon, il n’est clairement pas le public visé...

    Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Charles-Louis Detournay  
A LIRE AUSSI  
Albums  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD