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Sunu Gaal, Par Léah Touitou, Jarjille.

Par Tristan MARTINE le 20 mars 2019                      Lien  
Deuxième volume du périple sénégalais de Léah Touitou : des aventures humaines et des épisodes très instructifs sur le quotidien des Sénégalais.

À la suite du premier volume, qui avait rencontré un réel succès, Léah Touitou continue à raconter son projet de voyage itinérant et de dessin. De ville en ville, celle-ci dessine dans différents projets liés à des associations françaises ou sénégalaises. Elle multiplie ainsi les relations éphémères mais fortes avec des enfants qui ne parlent que le wolof, mais avec qui la communication est rendue possible par le truchement du dessin.

Sunu Gaal, Par Léah Touitou, Jarjille.

Plusieurs épisodes compliqués sont racontés avec distance et humour, comme l’accouchement d’une femme devant un hôpital trop plein pour la recevoir. Cet album se révèle très utile pour comprendre la société sénégalaise dans sa complexité, comme par exemple les Baye Fall, ces disciples de Cheikh Ibrahima Fall qui peuvent boire de l’alcool et qui vivent de dons ; ou encore les signares, ces femmes africaines qui ont vécu en concubinage avec les colons européens. Celles-ci ont acquis un rang social et ont créé de grandes communautés de métisses.

On apprend également l’origine du nom du pays, qui pourrait provenir d’un quiproquo avec des blancs au début du XIXe, à qui des indigènes auraient dit « Sunu Gaal », c’est-à-dire « C’est notre pirogue », alors que les colons pensaient qu’ils désignaient le fleuve derrière eux.

On découvre enfin les talibés, ces enfants confiés théoriquement à des maîtres coraniques, mais qui dans bien des cas sont réduits à la mendicité. Léah anime des ateliers pour ces enfants et découvre avec étonnement qu’ils ne connaissant pas l’alphabet latin, car éduqués seulement avec des lectures coraniques. Elle reproduit ainsi des dessins de ces enfants, qui représentent en général leur ancienne maison, leur lieu d’accueil, et souvent un bus ou un taxi pour les relier. Ce véritable cri du cœur de ces enfants exilés est décrit par l’auteure avec une grande pudeur.

La narration est toujours très fluide et les épisodes se suivent aisément, comme lorsque Léah est cambriolée de nuit et perd toutes ses affaires : argent, passeport, mais aussi, et surtout, toutes ses notes et dessins. En somme, c’est comme si l’on avait « volé son voyage », avant que tout (sauf l’argent) ne finisse par être retrouvé. Le dessin est à la fois plus expressif, plus affiné et plus vif que dans le premier tome, et les aplats de noir sont encore plus élégants : cette œuvre est plus mature et la progression est évidente. Léah Touitou intègre également, davantage que dans le précédent opus, de très beaux dessins, véritables instantanés de vie, tirés de ses carnets de voyage.

Laissez-vous guider par Léah Touitou et vous plongerez sans vous en rendre compte dans la beauté envoûtante du Sénégal et des Sénégalais !

(par Tristan MARTINE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782918658757

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