En fait, l’idée n’est pas si nouvelle que cela : les inventions du comte de Champignac, la potion magique d’Astérix ou encore la super-force de Benoît Brisefer étaient déjà, avant l’heure, des parodies déconstructives du comic book américain avec, pour ce dernier la grippette comme kryptonite. Et on sait aujourd’hui qu’une grippette, ce n’est pas rien !
Mais en ce qui concerne Fabien Vehlmann et Yoann, ce sont évidemment avec des codes plus modernes que nous jouons, branchés sur Hollywood et les séries de Disney+, avec juste quelques détails pour adapter la thématique à la couleur locale. Tout y est : double identité en toc, rival féminin, gadgets techno d’enfer, super-méchants et punchlines à chaque page…
Mais à cela s’ajoute le coup de blues d’un héros-franco-belge dépassé, déclassé, ringard comme on dit en français de façon has been… Le voilà amené à enfiler masque et collants et à bondir dans les airs avec Spip en guide de Robin pour complaire au jeune lectorat. Sauf que cela ne marche pas si mal.
Car Vehlmann assume joyeusement son second degré. Il joue sur la naïveté des clichés et pousse son héros à s’interroger sur l’impact carbone de ses actes, à contrer la spéculation immobilière sauvage qui repousse les classes pauvres (et immigrées) à la périphérie des villes, à refuser de jouer les héros… Des thèmes que les super-héros classiques avaient déjà peu ou prou abordés et qu’il parodie ici.
Cela donne au final un récit trépidant assez drôle, rapide, bien accompagné par le dessin dynamique et quelquefois explosif de Yoann et qui, peut-être, à cause ou en raison d’un formatage à la Netflix, à l’instar du Petit Spirou ou de la Collection « Spirou par » connaîtra un destin surprenant.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Super Groom T. 1 : Justicier malgré lui – Par Fabien Vehlmann & Yoann – Ed. Dupuis.
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