Lancé en 1982 dans le mensuel « Warrior », « Marvelman » (*) est considéré comme la source de presque tous les superhéros modernes. Moore a mis en avant trois éléments dans son entreprise de révision et d’expérimentation :
le " Sense of Wonder " ; il a réinjecté la magie et l’émerveillement. Les superhéros sont des incarnations du rêve
une tension poignante : il a placé un concept nostalgique, naïf et simpliste dans le monde contemporain cruel et cynique
la crédibilité scientifique : il a ancré ses fictions dans le monde réel, avec un seul facteur divergent de la réalité, comme dans les meilleures œuvres de science-fiction.
Pourtant, le genre a bien failli perdre Moore, qui estimait, après « Les Gardiens » n’y avoir plus rien à dire. Il y est revenu en force avec les titres ABC (America’s Best Comics) : « Tom Strong », « Promethea », « Top Ten » et « Tomorrow Stories ».
Cette section présente des extraits d’œuvres très connues comme « Les Gardiens », et d’autres moins connues comme ces quelques histoires de Superman réalisées avant la grande refonte du personnage en 1987. Le superpouvoir est une arme " magique " qui permet de réinterpréter le monde. Rimbaud disait : " changer la vie " ; Marx disait : " changer le monde ". Moore dit : " changer sa façon de voir ".
Les superpouvoirs intéressent Moore par leur présupposé " magique ". Ce présupposé change la perception de la réalité. Que se passe-t-il, quand on pousse la lecture rationnelle des superhéros jusqu’au bout ? Cela donne « Les Gardiens » et une révolution de la bande dessinée.
(*) rebaptisé Miracleman pour le marché américain
Jean-Paul Jennequin
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