« Il me plairait d’imaginer une lettre ouverte et commune, une lettre adressée à nos instances politiques. Une lettre sans compromis et sans minauderie. Une lettre qui ne serait pas complaisante car la situation l’exige. D’aucuns ignorent que depuis longtemps la Culture est le parent pauvre des institutions, celui qu’on oubli, celui qu’on regarde avec indifférence. Depuis des décennies, la Culture été sacrifiée sur l’autel de la rigueur budgétaire chère à l’Europe !
La catastrophe sanitaire et humaine - et les mots demeurent faibles - que nous subissons tous va hélas rapidement se conjuguer avec une crise économique et sociale.
À l’heure des bilans et quand la lumière reviendra, il est évident que des secteurs comme la santé trop délaissée retrouveront leur importance légitime en bénéficiant d’attentions particulières. Mais connaissant le principe des vases communicants, ce qui sera donné à l’un sera pris à une autre. Et sans vouloir faire un procès d’intention, jouer les oiseaux de mauvais augure ou encore prédire l’avenir, je crains fort que la Culture, une fois encore, une fois de plus, soit la perdante, car jugée arbitrairement comme n’étant pas un « secteur essentiel » !
Une civilisation, une société, un pays, une région, une communauté se reconnaît par sa Culture et ses Arts. Le livre est un marqueur de son temps.
L’auteur devra-t-il se satisfaire de phrases creuses, de vagues promesses sans lendemain et de soutiens symboliques ? Les aides se limiteront-elles à acter le report, tantôt du paiement de charges, tantôt des obligations fiscales, en oubliant volontairement que cela ne comblera jamais la perte qui ne sera pas que financière ? Car l’auteur n’est pas seul à vivre de son art : il y a avec lui des éditeurs, des distributeurs, des diffuseurs, des imprimeurs et des libraires. Une multitude de sociétés et de personnes qui aujourd’hui sont confrontées aux mêmes difficultés.
Dans l’instant, les ministres de la Culture se cachent ! Certes, il y a bien quelques timides déclarations de principe, on vante une aide de quelques millions en oubliant d’avouer que ses « soussous » trouvés au fond d’un tiroir étaient des subventions déjà créditées ou que, tout simplement, les millions divisés par les nombreux acteurs du monde Culturel ne représentent dans les faits que quelques centimes par individus ! Il faut dire que parler d’aide financière pour la Culture n’est pas porteur pour le politique en des temps où le principal est d’acheter des masques. Comme il est aisé de se donner bonne conscience en saupoudrant quelques pièces !
Alors faut-il regarder le navire de la Culture prendre l’eau de toute part avant de chavirer ? Faut-il être comme ces musiciens impassibles qui ont continué à jouer de leur instrument sur le pont supérieur d’un transatlantique dont la course avait croisé celle d’un iceberg ? N’est-il pas temps, tout en continuant à soutenir le monde exemplaire et héroïque des soins de santé, de taper du poing sur la table ?
À vous de dire.
Salutations amicales et maritimes.
Jean-Yves DELITTE
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