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« Talion » : la claque de cette rentrée !

Par Charles-Louis Detournay le 9 septembre 2022                      Lien  
Second tome de cette trilogie qui décoiffe, par son propos ambitieux, par la puissance de son graphisme et par ses mises en pages ultra-travaillées. Une série à la croisée entre les classiques de « Métal Hurlant » et d'« Akira » !

« Pour lecteurs exigeants ! » Ainsi avions nous qualifié la première série de Sylvain Ferret parut chez Delcourt et intitulée Les Métamorphoses 1858. Une caractéristique qui se maintient dans cette seconde saga, Talion… Et il va même beaucoup plus loin !

Comment interpréter ce titre ? La référence à la loi babylonienne paraît évidente. Et dans ce monde à l’agonie, la nature (ou ce qu’il en reste) a développé un mal ultime pour enrayer le cancer qui la ronge depuis des milliers d’années, à savoir l’homme. Dans le premier tome, nous avions fait connaissance avec Billie, une intrépide jeune femme protégée de la folie du monde par ses mères, mais qui n’avait pourtant, de cesse que de vouloir sauver les plus nécessiteux de l’emprise des nobles.

Après bien des péripéties vécues dans le premier opus (on ne va certainement pas vous les spoiler), Bille quitte la capitale de Talion pour se rendre dans le royaume voisin, où est extraite l’énergie qui fait tourner toutes les machines et dont ce fameux mal est également issu.

Billie est accompagnée par Tadeus, un scientifique qui porte en son sein le remède ultime. Il lui permet d’ailleurs de ne pas vieillir, et même de se régénérer lorsqu’il est blessé. Malheureusement, Tadeus ne parvient pas à extraire cette panacée pour en faire profiter ses pairs. Et, comme Billie ne porte pas non plus les stigmates de la maladie, il pense que son corps pourrait contenir la solution à cette quadrature médicale.

Traqués par les forces de Talion, Tadeus et Billie espèrent que le royaume voisin va leur offrir la protection qu’ils recherchent pour mettre au point ce fameux remède. Mais ils déchantent rapidement…

« Talion » : la claque de cette rentrée !

Assumant le scénario, le dessin et les couleurs, Sylvain Ferret est l’archimaître de ce récit sans concession. Mais Talion ne se révèle qu’aux lecteurs méritants ! Aussi faut-il se placer en condition pour lire ces albums, déchiffrer et analyser ce récit, mot par mot, case par case, afin de comprendre le rôle et la portée de chaque personnage. Nous vous déconseillons d’ailleurs de recommencer votre lecture au tome 2. Repartez du premier tome, prenez le temps de tout intégrer, puis débutez le second tome en lisant le résumé du premier. Cela peut sembler futile, vu que vous venez de relire le premier, mais cela peut s’avérer intéressant si vous aviez loupé l’une ou l’autre subtilité.

La lecture du second tome n’en paraît alors que plus évidente, presque limpide. Les personnages principaux déjà bien approfondis dans le premier opus, livrent maintenant tous leurs secrets et leurs tourments. Car si les royaumes présentés se divisent inéluctablement entre dominants et dominés (les uns prenant parfois la place des autres sans que la nature de l’homme ne le pousse à une meilleure alternative), les personnalités rencontrées sont loin d’être manichéennes. Comme si le meilleur et le pire étaient au cœur de l’homme, mais que la société n’était meilleure que pour construire le pire.

Une double-page des plus dynamiques malgré la multiplicité des cases

Quant à Sylvain Ferret, c’est dans la construction de ces civilisations déchues qu’il continue de triompher. Il rejette la facilité, au profit de la narration, car il immerge littéralement le lecteur dans son univers où même la couleur est ultra-narratrice car elle efface presque les détails pour engluer le « spectateur » dans l’atmosphère choisie. Et comment oublier ces choix exigeants de mise en page, empruntant aux différents courants de la bande dessinée (Asiatique, Anglo-saxons, Européen) pour mieux insuffler la dynamique du récit ?!

Si le premier tome était déjà très abouti, le second opus de cette trilogie achève de convaincre que l’on se trouve confronté, non seulement, face à un grand auteur, mais aussi face à un univers puissant et destructeur.

On sort bouleversé de sa lecture ! Bien sûr touché par ce que vivent les personnages dans leurs chairs, mais aussi ému et bouleversé que ce terrible écho face à notre monde d’aujourd’hui. Même si l’auteur ne pouvait imaginer le nœud énergétique auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, l’actualité apporte un complément tout particulier à cette lecture qui ne vous laissera certainement pas indifférent.

Et si vous doutez que Sylvain Ferret travaille avec ses tripes, lisez la note en fin d’ouvrage pour vous en convaincre. Ferret est un guerrier, la BD est son arme, et il est bien décidé à en utiliser toutes les facettes pour arriver à ses fins.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782344049693

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