Après les massacres de la ville d’Arène, issus d’un plan particulièrement cynique de Tanya jouant sur des failles des traités internationaux pour pousser les milices locales à faire feu sur tout ce qui bouge, l’Empire semble en difficulté. D’un point de vue moral, organisationnel et logistique, celui-ci apparaît exsangue… du moins c’est ce que son état-major souhaite faire croire à l’ennemi.
En effet, alors que tout porte à croire que l’Empire ne peut plus tenir le front du Rhin en raison des événements d’Arène et de la rupture de leurs lignes d’approvisionnement, celui-ci compte opérer un immense repli stratégique. En réalité il s’agira d’un piège pour faire avancer l’armée françoise, désireuse de venger Arène, très loin, voire trop loin, dans le territoire de l’Empire. Ensuite, ils les frapperont vite, fort et par surprise.
Il ne s’agit que de la première étape d’un plan plus vaste, qui en compte trois, mais pour le moment l’état-major a besoin du bataillon de Tanya pour la mettre en œuvre. Comme souvent ils vont jouer le rôle d’appât et de diversion. Nous avons ainsi droit au traditionnel discours de motivation des Ailes d’Argent, haut en couleur, et à une bataille qui va mobiliser toutes leurs ressources : ils ne vont pas moins tenir à eux seuls et durant toute une journée le front, laissant les François aussi sidérés que terrifiés. En effet, chacune de leurs troupes rencontrant le Démon du Rhin sera purement et simplement exterminée.
Durant cette journée mémorable, au sens différent selon le camp, l’Empire va réaliser un véritable exploit logistique en rapatriant ses hommes et leurs matériels loin derrière la ligne de front. La vision d’immenses terres ravagées mais vides, surgissant après une journée digne de l’enfer, va finalement amener les François à considérer tout ceci comme un baroud d’honneur.
Qui contrôle les émotions contrôle la guerre serions-nous tenté de dire. Et en dépit d’un tome 15 bourré d’action et de moments de bravoure pour Tanya et ses officiers, assez bien mis en avant, ce sont la stratégie et l’art de berner l’adversaire qui restent au cœur des enjeux du récit. Surtout que les briefings et les débriefings ne maquent pas, distillant leurs longues explications sophistiquées.
Bref, nouvelle étape de cette guerre, ou plutôt de ces guerres, et de la légende des Ailes d’Argent. Et pour le volet "frapper vite, fort et loin" dans les lignes des François, l’auteur nous propose sa version des fameuses fusées V1, pilotées ici par des mages-volants. Autant dire que l’opération de terreur contre l’armée françoise n’est pas prête de s’achever…
(par Guillaume Boutet)
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Tanya The Evil T. 15 & T. 16. Par Chika Toujou (dessin), Carlos Zen (auteur original) & Shinobu Shinotsuki (design des personnages). Traduction SwissTranslate. Delcourt/Tonkam, collection "Seinen". Sortie le 30 juin 2021 & le 2 février 2022. 160 pages & 176 pages. 7,99 euros.
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