Rares sont les dessinateurs de BD engagés. Tardi en fait partie. On connaissait ses positions en faveur du romancier Cesare Battisti ou encore ses affiches réclamant la libération des membres d’Action Directe. Cette fois, c’est l’exposition de ses œuvres au siège du Parti communiste français (PCF), dans le « bunker » de la Place du Colonel Fabien, qui marque les esprits. Evidemment, la patronne du PCF, Marie-Georges Buffet, était présente au moment des discours d’inauguration. La candidate aux présidentielles a dit quelques mots gentils pour le dessinateur du Cri du Peuple, puis est repartie en courant au meeting suivant quelque part en province. Campagne électorale oblige. Il s’ensuivit un discours de Tardi qui marqua par son éloquence, puis une bordée de communications enthousiastes de caciques du PCF qui opéraient là en terrain conquis, le candidat de l’UMP, Nicolas Sarkozy, en prenant plus d’une fois pour son grade sous les applaudissements. Derrière eux, Louis Delas, avec son look bronzé de patron du CAC 40, devisait avec Jacques Tardi et sa compagne la chanteuse Dominique Grange.
L’inauguration continua en chansons, Le Temps des Cerises figurant bien évidemment dans un répertoire qui se terminait, comme il se doit, par une vibrante Internationale chantée le point levé. En l’absence de Buffet, on a cependant eu droit à un apéritif "communard" bien sympathique. Les responsables de Casterman étaient surpris par le nombre d’invités présents, près de 800 estimaient les organisateurs. « Les Communistes savent encore mobiliser » constatait Benoît Peeters un peu impressionné. Les idées de la Commune surtout, a-t-on envie de préciser puisque les quatre tomes de Vautrin et Tardi se sont vendus à plus de 650.000 exemplaires en cumul selon Alain Cahen, le directeur commercial de Casterman.
Chantal Montellier n’était pas là, elle qui avait marqué une franche hostilité à l’hommage fait à l’illustrateur de Céline et de Léo Mallet au saint des saints du Parti communisme français. Les personnes présentes quant à elle, ne s’en formalisaient pas : elles faisaient signer une affiche ou un album à un Jacques Tardi qui s’appliquait à faire des dessins, bien que son attachée de presse, Kathy Degreef, suppliait les admirateurs de ne se contenter « que d’une signature ». Le fait est que cette exposition, visible jusqu’au 5 avril, permet de goûter au travail de Jacques Tardi, tout en découvrant un lieu quand même assez impressionnant.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Le Cri du Peuple
du 12 mars au 5 avril 2007
Espace Niemeyer
2, place du Colonel Fabien
75019 Paris.
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