Ces réactions émanaient notamment, ainsi que nous vous l’avions rapporté, d’intellectuels français issus du monde de la BD parmi lesquels figurent des gens comme Bilal, Bruno Heitz, Enrique Abuli, Jeanne Puchol, Les Éditions six Pieds sous Terre, Benoît Peeters, Étienne Davodeau, Morvandiau, Chantal Montellier, Anne Sibran, Jean-Luc Sala, Claude Laverdure, Jacques Ferrandez, Jean Annestay, Frank Giroud, Damour, Frédérique Pelletier, Olivier Delcroix, Boris Beuzelin, Ambre, Edouard Boyer, Didier Cromwell, Doug Headline, Philippe Druillet, Étienne Borgers, Claude Laverdure, José-Louis Bocquet, Yves Frémion, Christian Rullier, Martin Winckler...
C’est aujourd’hui Tardi qui fait un coup d’éclat en publiant dans Libération en date du mercredi 7 avril deux planches de BD dans une carte blanche intitulée : « Battisti se livre à Tardi ». « Le dessinateur Jacques Tardi, écrit Antoine de Gaudemar dans l’introduction de ces deux pages, fait partie de ceux, nombreux parmi les écrivains, artistes et intellectuels, qui s’opposent à la demande d’extradition qui pèse sur Cesare Battisti, et ce au nom de l’engagement pris par la France depuis 1985 d’accorder le droit d’asile à un certain nombre de réfugiés italiens à condition qu’ils rompent avec la logique des « années de plomb ». Tardi souhaitait s’exprimer, mais à sa manière. Au lieu d’un texte classique, c’est une courte bande dessinée qu’il a conçue, née d’un dialogue entamé depuis plusieurs semaines avec l’écrivain italien. »
La BD décrit un Battisti partagé entre les images que lui renvoient cette affaire -celles où il apparaît comme un monstre et celles où il est considéré comme un héros. Il est montré au milieu de sa famille, de supporters bien intentionnés mais impuissants, en train de dialoguer avec son éditeur italien, lui reprochant une traduction approximative, alors que l’ouvrage a été écrit en italien. Devant ce flot d’incompréhensions, il revient à la cause essentielle dans ce débat : celle d’un état qui revient sur ses promesses. Même si cette amnistie peut être mal comprise par l’opinion italienne, pour beaucoup ici, cette remise en cause de la parole donnée de la République est ressentie par une frange de la société comme la dérive politique d’un gouvernement de droite qui cherche à complaire à son homologue italien.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion