Co-produite avec le Musée d’Angoulême où elle devrait se rendre en 2010, comme au Canada et en Allemagne, l’exposition Tarzan au Musée du Quai Branly feit son plein de visiteurs cet été. D’abord en raison d’une promotion généreuse (affichage sur les bus, dans le métro, annonce dans les salles de cinéma et une couverture de presse exceptionnelle) et de la force d’une marque qui n’a pas perdu de sa fraîcheur. Mais aussi en raison de la qualité d’une exposition qui a creusé le propos et qui a dégotté un bon nombre de « pièces rares » qui réifient d’autant mieux le mythe de l’homme-singe.
Organisée en neuf sections (Tarzan au Panthéon d’Hercule – Les origines d’un héros – bandes dessinées – cinéma – L’Afrique de Tarzan – Les 36.000 travaux de Tarzan – Le protecteur de la jungle – Le héros nu et les robots et jeux de masques, retour à l’état animal), le parcours permet de découvrir de nombreuses planches de bande dessinée, des planches originales le plus souvent issues de la collection de la galerie de Bernard Mahé, 9ème art à Paris, signées Harold Foster, Burne Hogarth ou Joe Kubert.
Si l’on regrette l’absence de certains des illustrateurs historiques de l’homme-singe (notamment Buscema), on ne peut être que séduit par le classicisme et la douceur du travail de Foster qui ridiculise le plus souvent par sa justesse le travail emphatique, ampoulé et presque toujours erroné de Burne Hogarth.
Un dessinateur que des critiques imprudents ont surnommé « le Michel-Ange de la bande dessinée », ce qui est une insulte, et pour Michel-Ange, et pour la bande dessinée. Certes, certaines planchent en « jettent », mais quand le « Michel-Ange » est peu appliqué (presque toujours), cela donne des images vraiment médiocres, en dépit de leur caractère prétentieux. Jo Kubert, à côté, passe pour un génie.
L’amateur de BD sera également intéressé de voir les premières publications de Tarzan en France dans les revues Junior ou Tarzan, et notamment les retouches généreuses de la censure (ou plutôt de l’auto-censure des éditeurs français) en application de la célèbre Loi de 1949 dont la commission s’était montrée particulièrement vétilleuse avec l’homme de la Jungle.
Le petit raté de cette exposition est la discrétion donnée aux hommages au « chevalier crispé » faits par une série de dessinateurs contemporains : Mathieu Lauffray, André Juillard, Frank Pé, François Avril, Frank Cho, Kei Acedera, Stan & Vince et qui se trouvent exposés au centre de documentation située à quelques dizaines de mètres de l’exposition.
Si vous avez raté ces dessins magnifiques (et c’est presque inévitable car personne ne vous renseigne sur ce « bonus »), il ne vous reste plus qu’à acquérir le catalogue de l’expo, Tarzan ! (Éditions Somogy). Des textes lumineux de Roger Boulay, le commissaire de l’expo, Pascal Dibie, Louis-Jean Calvet, Serge Tisseron ou Pascal Ory viendront compléter votre intelligence de cet incroyable mythe.
On notera également un Tarzan… de A à Z par Roger Boulay (Éditions L’étrave) et un numéro spécial de la revue L’œil sur les aventures du seigneur de la jungle.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Tarzan ! ou Rousseau chez les Waziri. Musée du Quai Branly, du 16 juin au 27 septembre 2009.
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