Depuis l’année dernière, les éditions Clair de Lune nous gratifient d’une collection d’albums sur Tex Willer, le héros phare des éditions Bonelli en Italie. Celui-ci avait disparu de nos contrées depuis l’arrêt des Petits Formats édités par Semic en décembre 2003 qui publiaient ses aventures. « Le Chasseur de Fossiles » est le 3ème album chez Clair de Lune après « Le Train Blindé », des mêmes auteurs, et « Le Prophète Hualpai » de Nizi et Mastantuono.
C’est donc avec un réel plaisir que nous retrouvons les aventures de ce célèbre personnage, qui plus est quand il s’anime sous les crayons de José Ortiz et Antonio Segura, deux auteurs qui ne nous sont pas inconnus puisqu’ils ont déjà réalisé ensemble entre autres les séries : « Hombre » (une dizaine d’albums parus chez Soleil), « Morgan » (6 albums chez Soleil), ou encore « Burton & Cyb » (4 albums chez Glénat)…
José Ortiz s’adapte aux codes graphiques de la série tout en gardant sa personnalité. Il nous donne des planches très réussies, pleines de dynamisme. Ses équilibres de noir et blanc sont parfaits tout comme ses compositions. C’est un style réaliste et classique, bien dans la tradition. Du très beau travail.
De son côté, Antonio Segura s’adapte également aux codes scénaristiques de la série, basés sur un savant mélange d’action virile (Willer et Carson n’hésitant jamais à taper du poing ou à sortir leurs armes pour s’en servir…), d’humour (les dialogues entre Tex et Kit, certes un peu enfantins, sont assez amusants ; peut-être aussi du fait de leur répétition… Carson est toujours à râler tandis que Willer est plus optimiste.) et de timing finement mesuré pour la crédibilité des déplacements dans ces vastes espaces… Sur ce dernier point, notons que le déroulement joue également sur les temps morts : les conversations autour du feu de camps, les repas autour d’une table dans un saloon, etc. Ces temps morts donnent l’illusion du temps réel et l’intrigue peut se développer dans sa longueur : ici sur près de 350 pages. Nous sommes proches de la temporalité de certains mangas et des westerns « spaghetti » du cinéma comme ceux de Sergio Leone qui s’est d’ailleurs fort probablement inspiré des bandes dessinées parmi d‘autres influences…
L’histoire du « Chasseur de Fossiles » est intéressante, nous montrant les premiers pas de la paléontologie au Far-West à cette époque - C’est le petit côté pédagogique et sympathique propre à chaque numéro comme dans les albums de « Lucky Luke » ! - , et prenante avec trois intrigues qui en feront voir de toutes les couleurs à nos héros. Les personnages sont attachants et marquants, et s’inscrivent dans notre souvenir.
Par contre, point noir pour cet album : il y a des fautes d’orthographe assez importantes ; si l’on peut tolérer parfois quelques fautes accidentelles dans une BD, il est inacceptable pour un éditeur qui se dit professionnel de laisser passer autant de fautes. Espérons que ce problème sera réglé dans les prochains volumes.
À noter enfin pour finir que c’est Claudio Villa, un autre grand artiste de la série, qui a réalisé la couverture de cet album (ainsi que précédemment celle sur « Le Train Blindé »).
(par François Boudet)
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