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« Tezuka, The Marvel of Manga » à l’Asian Art Museum de San Francisco

Par le 15 août 2007                      Lien  
Depuis le 2 juin dernier, l’Asian Art of San Francisco rend un somptueux hommage au « Dieu des Mangas », Tezuka Osamu (1928-1989), le fondateur de l’industrie du dessin animé japonais et de la forme moderne de la bande dessinée au Japon. Une exposition qu’il nous tarde de voir un jour en Europe.

(De notre envoyé spécial)

« Le manga est virtualité. Le manga est sentiment. Le manga est résistance. Le manga est bizarre. Le manga est pathos. Le manga est destruction. Le manga est arrogance. Le manga est amour. Le manga est kitsch. Le manga est puissance. Le manga est… Il n’y a pas encore à ce jour de conclusion à cette liste de définitions ». Ainsi s’exprimait Tezuka Osamu en 1969. [1] Comment alors définir l’exposition rétrospective qui nous montre, comme à San Francisco, un panorama de son travail ?

« Tezuka, The Marvel of Manga » à l'Asian Art Museum de San Francisco
Le catalogue de l’expo, signé Philip Brophy
© Tezuka Productions – Courtesy of The Asian Art Museum

Elle nous vient d’Australie et a pour origine une coopération entre « Tezuka Productions » de Tokyo, la National Gallery of Victoria et son curateur extraordinaire pour l’occasion, Philip Brophy, spécialiste reconnu du manga et de l’animation japonaise. On ne se rend pas très bien compte de la performance : Tezuka s’opposa à toute exposition de son travail de son vivant.

Ainsi donc, pour la première fois, l’œuvre de Tezuka Osamu entre 1949 et 1989 est offerte au regard du grand public international. Elle s’organise en trois sections : une introduction au manga, sa complexité et son influence ; une présentation des œuvres de Tezuka les plus connues en Occident, principalement grâce à ses films d’animation ; et enfin son apport au Gekiga, la bande dessinée japonaise pour les adultes. Il aura fallu, nous indique son catalogue, neuf ans de préparation pour que cette exposition puisse se monter, d’abord à Melbourne en Australie (novembre 2006), puis à Sydney, enfin en exclusivité pour les États-Unis à l’Asian Art Museum de San Francisco.

L’exposition "Tezuka, The Marvel of Manga" à San Francisco
Photo : DR

A la différence de l’exposition Miyazaki-Moebius à l’Hôtel de la Monnaie à Paris en 2004/2005 qui comportait une majorité de reproductions de l’artiste japonais, ici, c’est 175 planches et 46 gouaches originales qui sont présentées, ainsi que 41 documents issus du fonds d’archives de la Tezuka Production. Un choix très partiel néanmoins dans une œuvre qui totalise plus de 150.000 planches de bande dessinée et de plus de 70 dessins animés ou séries d’animation.

Si en Occident, le grand public connaît surtout Astro Boy, Princesse Saphir ou Le roi Léo, Philip Brothy ne fait pas l’impasse sur une partie de l’œuvre de Tezuka Osamu beaucoup plus méconnue, celle destinée aux adultes et qu’il introduisit à partir des années 60, plus connue aujourd’hui sous le vocable de Gegika.

Métamorphoses humaines (1970). On connaît peu la production pour adultes de Tezuka.
© Tezuka Productions – Courtesy of The Asian Art Museum

25 titres sont présentés, Metoroporisu (Métropolis, 1949) , Janguru taitei (Léo roi de la jungle, 1950) , Tetsuan Atomu (Astro Boy, 1952),Tsumi to batsu (1953), Ribon no kishi (Princesse Saphir, 1963), Wanda suri (Wonder 3, 1965), Ban jaiya (1966), Dororo (1967), Hi no tori (L’Oiseau de feu, 1967), Za keruta (1969), Bomba ! (1970) Kirihito sanka (Kihirito, 1970), Ningen konchu ki (1970), Fushigi na Merumo (1970), Garasu no shiro no kiroku (1970), Apporo no uta (1970), Shin Ryosai Shii, jorogumo (1971), Garasu no No (1971), Buddha (Bouddha, 1972), Roro no tabiji (1973), Burakka Jakku (Black Jack, 1974), MW (MW, 1976), Dari to no Saikai (1982), Bukkira ni Yoroshiku (1985), Rudovihi B (Ludwig B, 1987). [2].

Ces travaux sont montrés sous forme de planches originales à l’encre de chine (crayon, pinceau, plume, calque) de tailles diverses. Elles impressionnent par leur extraordinaire sens de la composition, la puissance des mouvements et des séquences. Elles sont le plus souvent impeccables, en dépit de nombreuses minuscules corrections dans de nombreuses cases, quand ne se superposent pas des calques correcteurs, témoignages du soin méticuleux que l’artiste apportait à sa création. Les dessins en couleurs à la gouache, tous plus ou moins de même taille, ne laissent pas, quant à eux, le travail et le repentir qui ont présidé à leur réalisation.

Phoenix (1976)
© Tezuka Productions – Courtesy of The Asian Art Museum

Le catalogue inédit de cette exposition, qui est aussi celui du National Gallery of Victoria et de la Art Gallery of New South Wales sert de témoignage/souvenir à cette première. Un exercice auquel Tezuka Osamu s’opposa de son vivant considérant que ses mangas n’étaient dessinés que pour être publiés. Cette exposition montre néanmoins qu’il se trompait ou plutôt, sans doute, qu’il était trop modeste : sans ces originaux, nous n’aurions pas pu toucher du doigt le talent et le génie d’une œuvre incomparable.

À quand une exposition Tezuka en Europe ?

Ralph de Butler, San Francisco

Princesse Saphir (1965)
© Tezuka Productions – Courtesy of The Asian Art Museum

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

« Tezuka, The Marvel of Manga »
Asian Art Museum
200 Larkin St.
San Francisco, CA 94102
Le site du Musée
Exposition du 2 juin au 9 septembre 2007

[1In « I am a Manga writer » (Tezuka, Boku wa manga-ka) ; Mainichi Newspapers, Tokyo, 1969.

[2Les titres non traduits ne sont pas encore parus en français.

 
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