Steven Learoyd, le Grand Champion, invoqué par-delà les âges pour palier la baisse de la magie à travers le monde, ne correspond définitivement pas au modèle auquel s’attendait Dunstan, jeune chien apprenti-mage qui désormais accompagne ce héros malgré lui dans son expédition. Une science du combat, certes, mais peu glorieuse, des préoccupations ouvertement égoïstes et surtout une appartenance à une espèce mystérieuse, totalement inédite dans les Automnales : celle des humains.
Learoyd, quant à lui, ne comprend rien à ce qui lui arrive. Soldat de son état, il s’est vu précipité dans ce monde fantastique, loin de sa réalité initiale. Et le voilà qui, dans sa quête, se trouve confronté à des animaux anthropomorphes belliqueux, des mages maladroits et maintenant des simili-divinités : d’une part une jeune femme avec qui se noue un improbable quiproquo et, d’autre part, un groupe de golems abandonnés par leurs maîtres disparus.
Toujours aussi rythmé, The Autumlands déploie son récit en multipliant les expériences avec diverses tribus autochtones dont les particularités sont joliment exploitées. Et le voyage se mue bien en véritable périple - les personnages arpentent de nombreux paysages - qui oscille entre quête initiatique et aventure épique de manière bien équilibrée. De ce point de vue là le contrat s’avère réussi.
Par ailleurs, les derniers développements commencent à élucider plusieurs mystères à la base du récit, et confèrent à l’univers des Automnales une profondeur, une forte dimension mythologique d’autant plus bienvenue qu’elle prend forme rapidement. Même si, pour l’heure, de nombreuses zones d’ombre perdurent et même si les auteurs ont surtout donné au lecteur de quoi échafauder quelques folles théories...
Reste toutefois l’impression que tout cela pourrait aller plus loin encore et qu’il manque toujours à la série un petit quelque chose qui la ferait pleinement décoller. Sans doute cela se passe-t-il du côté des personnages, même si l’on a droit à quelques bonnes surprises, comme l’irruption de Bertie, chèvre aussi fougueuse qu’inconséquente, qui fait souffler une réelle fraîcheur sur notre groupe de héros. Mais au final, difficile de se défaire de l’impression que ces personnages demeurent pour le moment très stéréotypés dans leur caractérisation.
(par Aurélien Pigeat)
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