Toutefois, cette spécialité familiale a fait fuir la petite-fille qui souhaitait une vie dans la norme. Grâce à ses études réussies, elle est devenue une importante conseillère financière dans une grande banque de Chicago. Travaillant de pair avec son petit-ami, elle espère qu’ils seront tous les deux promus comme associés de l’entreprise. Néanmoins, les huiles de la banque ont un tout autre programme : étant une femme et Afro-Américaine, elle reste en retrait dans l’ombre de son partenaire. Ulcérée, elle décide de reconnecter avec sa famille : pour se venger, elle propose à sa mère et à sa grand-mère de voler les lingots d’or et les supports à Bitcoins d’un client de sa banque, un client qu’elle sait être véreux.
L’intrigue proposée par la scénariste Roxane Gay nous a parue classique mais plaisante tout au long du récit. Les retournements de situation sont peu nombreux, mais l’intrigue connaît fréquemment de brèves accélérations qui font grimper la tension au cours de sa lecture. Le coup en lui-même est ici mis en retrait : c’est surtout son élaboration, et ce qu’elle implique, qui est au cœur de cet album.
C’est ainsi la dynamique familiale et les personnages qui la composent qui sont au centre des enjeux. La petite-fille ayant laissé derrière elle sa famille pour une vie rangée, sa grand-mère lui en veut beaucoup pour ce choix et ne mâche pas ses mots : revenir vers sa famille uniquement quand on a besoin d’elle, c’est véritablement gonflé. Les trois personnages féminins principaux se révèlent intéressants, même si l’on aurait aimé qu’ils soient davantage creusés. En effet, même si Roxane Gay prend l’initiative de raconter, à différentes temporalités, la vie de chacune de ces femmes, il nous est quand même apparu que ces récits semblaient trop courts.
The Banks est un album qui peut mériter le détour si l’on apprécie particulièrement les récits de braquage. Attention toutefois : ici, c’est davantage l’organisation du braquage et ses actrices que le coup lui-même qui est mis en avant. Le récit est appuyé par les planches honorables de la dessinatrice Ming Doyle, même si à titre personnel nous n’avons pas été renversés par le style proposé.
(par Romuald LEFEBVRE)
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The Banks. Par Roxane Gay (scénario) et Ming Doyle (dessins). Traduction de Laurence Belingard. Panini Comics. Sortie le 25 août 2021. 152 pages. 19,95 Euros.