Sembler toujours plus beau et plus jeune malgré les ans qui passent, tel est le rêve, avoué ou non, d’une société, la nôtre, en grande partie fondée sur le règne de l’apparence et sur le diktat de la perfection physique. Un rêve accessible à chacun dans l’univers de The Beauty, mais non grâce à la recherche scientifique, à la chirurgie esthétique ou aux produits cosmétiques. Non : c’est une "banale" MST qui transforme les individus qui la contractent en créatures de rêve.
Une MST dénommée "Beauty" au "succès" aussi fou que paradoxal et dont les conséquences risquent d’être lourdes : quelques années après le début de l’épidémie survient un problème de taille : les personnes infectées, qu’on appelle les "Sublimes", se consument soudainement les unes après les autres, ayant comme consommé à vitesse accélérée leur capital de vie. Le prix à payer pour la jeunesse éternelle pourrait bien s’avérer une mort précoce. Débute une enquête au cours de laquelle deux agents du FBI lèvent le voile sur un scandale autant politique que sanitaire.
The Beauty s’ouvre donc sur une excellente idée à même d’inspirer terreur et fascination chez le lecteur. La dimension critique de notre société du paraître se révèle immédiatement et l’on attend fébrilement ce que les auteurs comptent faire d’un si bon point de départ. Pour structurer leur récit, Jeremy Haun et Jason A. Hurley montent cela sur une intrigue policière, à dimension rapidement politique.
Et c’est là malheureusement que le projet commence à patiner : on retombe rapidement dans du connu et du balisé, en termes de narration, de construction des personnages et de progression de l’action. L’épidémie de "Beauty" donne alors l’impression de n’être qu’un simple prétexte, sa spécificité si riche perdant en importance à mesure que l’intrigue se déploie.
C’est quand les héros se trouvent confrontés à la maladie, directement subie ou détectée chez les proches, que l’on sent à nouveau l’intérêt d’avoir imaginé un tel mal pour raconter une histoire. D’autant que graphiquement, la dimension physique du "Beauty" permet un travail de représentation particulièrement intéressant. Mais cette MST demeure globalement davantage toile de fond que réelle partie prenante de l’action. Reste un polar malgré cela tout à fait convaincant dans le registre du thriller et dont on attend avec intérêt la suite.
(par Aurélien Pigeat)
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