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The Dark Knight Rises : nos impressions

Par Thomas Berthelon Antoine Boudet le 26 juillet 2012                      Lien  
Deux de nos collaborateurs vous font partager leurs sentiments à chaud sur le dernier "Batman" tout juste sorti en salle. Attention, de nombreuses révélations peuvent vous gâcher la surprise.

The Dark Knight Rises : nos impressions POUR : La conclusion idéale d’une trilogie admirable

2012 marque la fin d’une trilogie remarquable consacrée au justicier de Gotham City, par l’un des réalisateurs de grands spectacles parmi les plus prometteurs : le britannique Christopher Nolan.

Initiée avec Batman Begins en 2005, proposant une relecture plus "militaire" et radicale de l’univers de Batman, la trilogie de Nolan marque durablement les esprits trois ans plus tard avec le fameux Dark Knight, bénéficiant d’un climat sous tension provoqué par la prestation hallucinée d’Heath Ledger dans le rôle du Joker, et par la description épique d’une ville plongée dans le chaos. Désormais, après l’épouvantail et Ra’s al Ghul dans le premier volet, et le joker et Double-Face dans le deuxième épisode, place maintenant au colosse Bane, digne héritier de la Ligue des Ombres.

Au cours de la trilogie, mais aussi à travers son précédent film Inception, Nolan a montré son goût pour les apocalypses urbaines (un univers qui le rapproche d’un autre réalisateur : Michael Mann). Les scènes d’action sont certes réalisées à grande échelle mais toujours réalistes (au revoir les délires fluorescents du prédécesseur Joel Schumacher). Le casting use de têtes d’affiches reconnues mais que l’on pourrait croiser dans la rue, visant à crédibiliser son univers (son casting féminin, de Katie Holmes à Anne Hathaway, en passant par Maggie Gyllenhaal, ancre par exemple plus ses personnages dans le réel que les femmes fatales ayant traversé les précédents films de l’homme chauve-souris comme Kim Basinger, Michelle Pfeiffer ou Nicole Kidman).

De son côté, le traitement graphique rapproche de plus en plus Gotham City de New York (on reconnaît les allusions à Wall Street et Manhattan), tandis que l’écriture à trois plumes entre les deux frères Nolan et David Goyer adore plonger le spectateur dans des chaos étouffants pour intensifier la terreur provoquée par ces gros psychopathes, et prend plaisir à infliger à Batman les pires épreuves pour magnifier son parcours.

Bane révélant la vérité sur la mort d’Harvey Dent
© Warner Bros. France
Le fameux duel entre Bane et Batman
© Warner Bros. France

Il était difficile de passer après l’ébouriffant The Dark Knight, mais pourtant Nolan frappe encore plus fort. Finies les pointes d’humour noir, et cette étrange sympathie malsaine que nous pouvions éprouver envers le joker, faisant disparaître un crayon dans un tour de magie mortel, ou martelant, dépité, le bouton d’une télécommande manquant d’exploser un hôpital. Ici, Bane ne montre pas une once d’humour.

Colosse supérieur physiquement à Batman, connaissant tout du justicier y compris son identité civile, mettant un point d’honneur à tout broyer autour de Bruce Wayne, le personnage incarné par Tom Hardy glace même le sang plus par sa voix inhumaine que par sa force physique.

En revoyant la trilogie dans son ensemble, il est d’ailleurs frappant de constater à quel point le réalisateur est allé au-delà de la simple transposition de bandes dessinées, par définition muettes, grâce au soin apporté au son et surtout aux voix (dans le premier épisode, la voix caverneuse de l’Epouvantail semblait sortir d’outre tombe autant qu’elle était le fruit de l’imagination de la victime infectée par le gaz hallucinogène, tandis que les "Why so serious ?" du Joker apportaient une hystérie malsaine à ses discours). Petit aparté : prêtez bien l’oreille pendant le massacre de Batman par Bane : toute musique en est absente, ce qui offre plus de frontalité à la scène.

Alors, même si l’effet de surprise n’est plus là, ce dernier épisode comporte son lot d’épreuves, d’émotions (la séparation avec Alfred, à ce jour inédite au cinéma, constitue l’un des plus grands moments de la trilogie), ou de jeux de masques (beaucoup de personnages vivent avec des démons intérieurs ou des conflits identitaires ou communautaires).

Quelques bonnes surprises viennent encore égayer le film : Anne Hathaway est plus que convaincante en Selina Kyle (le nom Catwoman ne sera jamais mentionné), et Joseph Gordon-Levitt et son personnage prometteur de jeune flic fanboy, tout en humanité, vole presque la vedette à Batman.

La relation Wayne/Alfred prend ici une tournure émouvante.
© Warner Bros. France

Quant au justicier masqué, il est volontairement en retrait par rapport à son alter ego Bruce Wayne. C’est le milliardaire qui est au centre de l’intrigue, qui souffre dans sa prison dans le désert (comme un lointain écho au magicien déchu sous les verrous, incarné par le même Christian Bale dans Le Prestige de.... Christopher Nolan) et son puits initiatique, symbole de renaissance (le rises du titre, qui signifie "élévation", trouve dans ce décor sa résonance : Wayne, tout d’abord suicidaire, doit paradoxalement ré-apprendre à craindre la mort afin de ressusciter). Bale livre ici sa meilleure performance de la trilogie, et osons le dire, nous livre le meilleur Bruce Wayne jamais vu sur grand écran.

Il fallait en avoir dans le super-slip pour nous proposer aussi peu le justicier masqué dans ce film de 2h40. En privilégiant Wayne, Christopher Nolan prouve qu’il en a. Et s’impose comme le nouveau pape de l’univers super-héroïque, doublant à grande vitesse Joss Whedon (Avengers) qui venait de passer en tête.

Thomas Berthelon

Les sbires de Bane dans le viseur
© Warner Bros. France

- CONTRE : Les influences de Nolan et la critique acerbe d’un dernier volet qui n’est pas très bat...

Après des années d’attente, le dernier volet de la trilogie de Christopher Nolan débarque enfin sur nos écrans. Au-delà de la réalisation du film, nous allons nous pencher sur les différentes similitudes entre les récits de Batman et ce film.

Évidemment, depuis que le méchant du film a été dévoilé, à savoir Bane, dans une version « modernisée », nous savons que la trame principale de l’intrigue tourne autour de Knightfall, récit narrant la chute de Batman face à Bane, qui se conclut par la scène fatidique où le forcené brise la colonne vertébrale du Chevalier Noir.

Cette scène, tout le public des fans l’attendait et il n’a pas été déçu. Respectant le schéma narratif emprunté au Shônen, à savoir la chute du héros, son entrainement et le combat final dont il sort victorieux, le tout enrobé de flashbacks sur les différents moments marquant des deux films précédents, Nolan tire ici son épingle du jeu.

Le film emprunte beaucoup à No Man’s Land dans la scène de l’attentat sur Gotham perpétré par Bane. Lors de cette séquence, rendue fameuse grâce au trailer montrant l’effondrement d’un stade de football, Gotham s’effondre littéralement sur elle-même, rappelant le terrible tremblement de terre de No Mans Land frappant la ville.

L’encerclement de Gotham par l’armée, le discours du Président des États-Unis (qui n’est pas Lex Luthor dans le film, au grand dam de certains fans espérant une petite ouverture pour un éventuel film sur la Justice League) déclarant que Gotham est perdue, les symboles de Batman écrits à la craie pour identifier le camion transportant la bombe de Bane rappellent les indications laissées par Batman dans No Man’s Land pour indiquer quelle zone de Gotham était sécurisée.

Le symbole de Batman marqué à la craie par John Blake
© Warner Bros. France

Au niveau des reproches, le film n’en est pas exempt. Marion Cotillard campe, grâce à son jeu d’acteur aussi pointu qu’une gomme une, une Talia Al’Ghul peu convaincante, en dépit d’une scène romantique convenue avec Bruce Wayne (mais pas avec Batman, ce qui implique que le personnage était de facto, quasi inutile et donc devait être effacé à la fin, tout comme la Ligue des Assassins, qui perd ici toute sa splendeur et sa dimension mystique).

Joseph Gordon Lewitt interprète un très bon Tim Drake, ah non, ce n’est pas Tim Drake, mais Robin John Blake. Dès le début du film, le jeune policier Blake découvre qui est Batman grâce à son sens de la déduction, à l’instar de Tim Drake dans l’univers du comic-book.

De plus, cette pseudo révélation en entraine une autre encore plus navrante : Jim Gordon ne connait pas l’identité de Batman dans le film, ne serait-ce qu’en secret, or il est (après Batman et Tim Drake) le meilleur détective de Gotham...

Le personnage de Bane s’embourbe dans des monologues incessants à tel point qu’il n’a pas besoin de sa force surhumaine pour tuer les gens, vu qu’il les a déjà fait mourir d’ennui avec son discours anarchisant sans intérêt.

Pour la scène finale, il aurait fallu coller un S rouge sur le torse de l’homme chauve-souris tant il est ridicule de le voir sortir en costume en plein jour, la scène où il se « sacrifie » finissant d’achever le spectateur.

John Blake (Joseph Gordon-Levitt)
© Warner Bros. France

On ne boudera cependant pas notre plaisir dans les quelques moments chargés d’une très forte puissance, comme le premier combat contre Bane, ou encore les cinq dernières minutes du film, où l’on peut voir, entre autre, Gordon caresser le bat-signal en pleine aurore, sur une musique de Hans Zimmer.

Et étonnement, Anne Hattaway, sans pour autant donner dans le sado-maso comme Michelle Pfeiffer, propose une interprétation de Sélina Kyle (version Batman Year One) plutôt séduisante, en dépit d’un costume totalement à côté de la plaque (ne me dites pas que le costume de l’ère moderne de Catwoman n’est pas assez réaliste !) dont on retient LA fameuse scène du baiser avec Batman que l’on voit arriver par la colline...

Selina Kyle (Anne Hathaway)
© Warner Bros. France

Au final, The Dark Knight Rises est une bon film, mais n’est pas un film de Batman mais plutôt une sorte de film sur Gotham City avec de bons gros morceaux de la série Gotham Central et quelques chiches apparitions de l’homme chauve-souris.

Le thème de la chute et du retour sont ici usés jusqu’à la corde et nous espérons beaucoup que le prochain thème de Nolan, à savoir l’héritage, sera mieux traité dans le futur Man Of Steel qu’il produira, réalisé par Zack Snyder.

Antoine Boudet

(par Thomas Berthelon)

(par Antoine Boudet)

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The Dark Knight Rises, actuellement au cinéma.

 
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2 Messages :
  • The Dark Knight Rises : nos impressions
    26 juillet 2012 16:45, par Patrick

    Je n’ai pas encore vu le film, probablement la semaine prochaine, donc je ne peux juger celui-ci. Mais cette trilogie de Nolan me laisse perplexe. Après l’univers sombre de Tim Burton et celui "bonbon" de Schumacher, celui trop réaliste à mon goût de Nolan ne me séduit pas. La réalisation est excellente et ce sont de superbes films d’action, mais j’attends plus d’un film de Batman. Ici Gotham n’est plus gothique c’est Chicago ou New York. Batman a une voix ridicule, et Bane qui devrait être immense est juste costaud. On avait d’ailleurs déjà vu Bane dans un des films de Schumacher énormément musclé mais complètement débile. Il semble qu’on ne peut pas tout avoir... Mais l’univers gothique de Batman est fascinant et c’est dommage de s’en passer,surtout à une époque où tout est possible au cinéma grâce aux avancées technologiques. Jadis la BD avait cet avantage sur le cinéma, maintenant elle ne l’a plus. Cela me rappelle un peu James Bond dont les nouveaux films sont excellents, mais plus tout à fait Bondien. Au lieu de rajouter le côté humain aux héros déjà existant ce qui leur donnerait plus de valeur, il semble que Hollywood veuille remplacer ceux-ci par des humains. Mais on aime bien les héros pour leur côté irréel, la part de rêve.

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    • Répondu par Lola le 1er août 2012 à  00:24 :

      Le dark knight de DC s’est fait marvelien. DC mettait en avant les masques (bruce wayne playboy vaniteux et clark kent timide névrosé maladroit sont leur masque, ils sont d’abord batman et superman) alors que chez marvel c’est l’inverse : marvel place l’être humain avant le super-héros. Spider-man est d’abord peter parker, iron-man est d’abord tony stark et les 4 fantastique sont d’abord une famille.
      Voilà pourquoi l’on voit si peu batman dans cet épisode car nolan après avoir montré les masques du héros (batman et wayne) a cherché à savoir qui était bruce... :D

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