La révolution a presque eu lieu au sein de la belle villa mais Walter a eu raison des manœuvres de ses invités et a réinitialisé tout le processus, modifiant situation initiale, souvenirs et même la configuration du groupe, en écartant l’élément perturbateur. En effet, Norah se voit désormais recluse à part, simple spectatrice de ce qui se passe sans pouvoir intervenir ni interagir avec les autres, sinon Walter.
Mais, même si le groupe paraît mieux se faire à l’isolement mystérieux auquel ses membres sont contraints, les frustrations demeurent, ainsi que les questionnements. Les explications manquent et l’inquiétude fait à nouveau place aux tensions. Ryan sent bien qu’elle est en trop quand l’absence de Norah paraît incompréhensible à beaucoup. Et rétablir le contact avec le monde extérieur constitue encore la priorité de tous, ou presque.
Bref, Walter ne maitrise qu’en surface une situation qui peut lui exploser à tout moment à la figure. Son dilemme à lui est total car il n’a pas trompé que ses amis, mais aussi ceux pour qui il a construit ce petit paradis artificiel. Et les enjeux du récit prennent alors une nouvelle dimension.
James Tynion IV parvient à ne pas décevoir dans ce second tome et c’est déjà beaucoup. La tension était parvenue à son comble et beaucoup d’éléments semblaient avoir trouvé réponse à la fin du premier volume. La remise à zéro des compteurs aurait pu passer pour une facilité scénaristique mais il n’en est rien : la répétition joue là aussi bien du côté de la variation que de l’approfondissement.
Côté variation, on demeure certes dans du classique, avec un jeu de correspondances et de divergences déjà intéressant pour le lecteur dans la manière de faire vivre les personnages. Mais c’est surtout du côté de l’approfondissement apporté à la fois à l’intrigue et à l’univers que cette "reprise" se démarque et emporte l’adhésion.
En effet, les éléments apparemment résolus cachaient en réalité d’autres "vérités" et la dimension "policière" du récit tient en haleine le lecteur jusqu’au bout de manière habile et convaincante. Dans le même temps, le fil de science-fiction s’étoffe et offre des perspectives alléchantes que l’on a hâte de découvrir dans un prochain cycle de cette histoire. Car c’est bien la promesse de cette fin de volume : des nouvelles aventures à venir, après avoir déjà réellement et correctement bouclé ce qui avait été posé au début de cette histoire. De quoi faire de The Nice House on the Lake l’un des très bons comics de ce début d’année.
(par Aurélien Pigeat)
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The Nice House on the Lake T2. Par James Tynion IV (scénario), Alvaro Martinez Bueno (dessin) et Jordie Bellaire (couleur). Traduction Maxime Le Dain. Urban Comics, collection DC Black Label. Sortie le 31 mars 2023. 192 pages. 20 euros.