Ces deux premiers tomes ne proposent aucune intrigue centrale, le lecteur se contente de suivre des enquêtes indépendantes les unes des autres mais le trait réaliste qu’utilise la mangaka pour dessiner les cadavres fait froid dans le dos. Dommage que le reste du graphisme ne bénéficie pas du même traitement pour ce manga original qui peine à démarrer.
Le 57e président des États-Unis, John B. Reed, est le dirigeant parfait. Juste et intègre, il est aimé de tous ses concitoyens, aussi quand celui-ci est retrouvé assassiné, la police décide de tout mettre en œuvre pour retrouver le coupable, y compris employer une méthode expérimentale. En stimulant par des ondes électriques le cerveau du défunt grâce au scanner IRM, les enquêteurs peuvent projeter sur un écran ce que la personne a vue. Le procédé en est encore à ses débuts mais c’’est le seul moyen de découvrir ce qui est arrivé au président.
Cinq ans plus tard, le procédé a été développé et une section spéciale a été créée : le laboratoire n°9 de médecine légale de la police scientifique. Celui-ci est chargé de scruter le cerveau des criminels quand aucune autre solution n’est envisageable mais peu de gens supportent les visions cauchemardesques de certains tueurs en série. Pourtant, depuis le début, une personne a tout supporté sans jamais sombrer dans la folie : le commissaire Maki, enquêteur surdoué à la tête du laboratoire. Il se voit confier sa 11e enquête : les suicides simultanés de dix-sept adolescents issus du même centre de détention.
Est-il moralement répréhensible de "regarder" ce qu’une personne décédée a pu percevoir durant sa vie ? Dès le premier chapitre, cette question est posée et retrouve tout au long de ce manga qui oscille entre policier et science-fiction. Car si la section 9 scrute le cerveau des criminels, elle espionne aussi celui des victimes et ce, dans les moindres moments de leur vie privée. La société hésite entre condamner ce moyen qui permet de connaitre les motivations des pires criminels mais qui, parallèlement, s’apparente à du voyeurisme. Reiko Shimizu ne met pas en avant l’une ou l’autre de ces idées, elle les expose à tour de rôle permettant ainsi au lecteur de se faire sa propre opinion.
Pour illustrer ce manga aux abords complexes, l’auteure a choisi un dessin des plus simplistes. Un héros androgyne, typique du genre de prédilection de notre mangaka, des personnages aux yeux ronds inexpressifs, peu de détails et des décors quasi-inexistants. Ici, ce sont le scénario et les dialogues qui comptent. Cela n’empêche pas la dessinatrice de s’appliquer sur certaines images fortes particulièrement glauques, ainsi que sur l’anatomie, les cadavres étant nombreux et très réalistes.
The Top Secret n’est donc pas à mettre entre toutes les mains, notamment celles des plus jeunes, mais les amateurs de policier et d’anticipation pourront se régaler avec ces enquêtes hors du commun.
(par Stéphanie Francqueville)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Les illustrations sont HIMITSU © 2001 by Reiko Shimizu/HAKUSENSHA Inc.
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