Cette année, nous vous l’avions prédit, sera particulièrement riche pour les adaptations cinématographiques de bande dessinée à l’écran. Outre les productions télévisuelles qui continuent de défiler ces temps-ci (XIII, L’Épervier, Rani,… pour ne citer que les productions franco-belges et sans compter les dessins animés), ce sont de véritables blockbusters qui s’enchaînent car la BD au cinoche, c’est une affaire qui marche rondement et qui valorise aussi bien les marques notoires (Tintin, Titeuf et Les Schtroumpfs, rien que cette année) que les productions moins connues d’un large public (Le Chat du rabbin, Poulet aux prunes.)
Est-ce là un effet de « ruée vers l’or » des producteurs désireux d’exploiter un filon rentable ou, comme dans l’édition, une attitude frileuse qui consiste à ne développer que des sujets qui rassurent les investisseurs ? Ces deux explications sont valables. On peut y rajouter le fait que que la BD est véritablement la culture des baby-boomers, aujourd’hui décideurs dans les grands studios. D’où également, un grand respect et un soin de tous les instants dans l’exploitation de l’œuvre originale.
Mythologie scandinave
Le fait d’aller chercher Kenneth Branagh, shakespearien notoire, pour adapter une version kitsch de l’olympe scandinave imaginée par Jack Kirby et Stan Lee est un petit coup de génie. Il a su, comme Kirby dans la BD du reste, effacer le caractère clinquant du récit mythologique, grâce à un hiératisme théâtral et parfois grandiloquent. Sa transposition au cinéma échappe rarement au ridicule (souvenons-nous de 300 tiré de la BD de Frank Miller), mais il a su ici resserrer le propos sur les personnages et donner un souffle épique à l’ensemble, grâce à un jeu d’acteurs et à des dialogues bien tenus.
Certaines scènes imposées, comme celle où Thor essuie la colère d’Odin ou le combat du dieu au marteau contre d’immenses robots dans un petit bout de désert aux allures de western dans le Nouveau Mexique, frisent la bouffonnerie mais elles s’imposent néanmoins comme un spectacle plaisant, un peu handicapé par un premier épisode qui expose les principaux personnages de la série, un passage obligé forcément moins palpitant.
Le public ne s’y est pas trompé qui a plébiscité le film, lequel réalise en un mois plus de 420 millions de dollars de recette alors qu’il en a coûté environ 150 ! Thor est bien parti pour s’accrocher aux records du genre.
Le facteur X
Porté par une longue liste de succès (Les X-Men ont déjà placé quatre titres dans la liste des 20 plus gros scores de tous les temps parmi les BD adaptées au cinéma, totalisant plus de 800 millions de dollars de recette), X-Men : First Class suit le même chemin, tant en terme de qualité que de réussite au box-office.
Appliquant au cinéma une bonne vieille recette des BD qui consiste à raconter les origines qui fondent la série, Matthew Vaughn nous montre un Professeur Xavier aux cheveux abondants et se mouvant sur ses deux pieds. Notre jeune professeur découvre le monde des mutants et tente de le fédérer pour le bien de l’humanité.
Quand on arrive à Magneto, le réalisateur reprend le développement qu’en avait fait Chris Claremont dans les années 1980 qui consistait à justifier sa haine des humains par son expérience des camps de concentrations nazis, Magneto était un jeune juif destiné à l’extermination, expérience qui lui a fait perdre désormais toute confiance envers le bipède qui a pu mettre en œuvre une telle abomination. La mécanique est parfois un peu confuse mais le spectacle est assuré.
Thor comme X-Men garantissent donc au spectateur, comme à l’amateur de BD, un excellent diveruissement qui mérite le détour par les salles obscures. Si les prochains rendez-vous : Green Lantern, davantage ciblé « ados » à l’exemple des Fantastic Four, ou encore Captain America à la rentrée devaient conserver le même niveau, on n’a pas fini de voir défiler les super-héros sur nos écrans.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
En médaillon : Chris Hemworth dans Thor. (C) Paramount Pictures / Marvel.
Participez à la discussion